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Souvenirs de la Grande Armée (tome 2) - 1808 – Les Enfants de la Veuve
de Michel Dufranne et Alexis Alexander
Delcourt - Conquistador 2008 /  12.90 €- 84.5  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2-7560-0213-2
FORMAT : 23x32 cm

Au revoir les enfants

Où l’on retrouve en 1808, un an après, les personnages de « Il faut venger Austerlitz ! »: les vieux briscards impériaux du 2e chasseur à cheval « le Belge », « J’y étais » et « Mâtin » campent toujours en terre polonaise, à la frontière russe, période inconfortable qui voit la Grande Armée vivre au sein d’une population qu’elle ne comprend pas et qui la regarde avec défiance, tandis que des irréguliers, cachés dans les bois, espionnent… Bref, une armée qui s’ennuie un peu. Certains en profitent pour développer des liens et mettre en place une société secrète (… bien connue, la Franc-maçonnerie, les “enfants de la veuve” qui donne son titre au volume). Mais les plaisirs de la loge sont fugaces, d’autant que les tensions affleurent entre des hommes aux origines diverses. Un meurtre perpétré dans un village à l’arrivée des troupes françaises va bientôt déchaîner la population, et forcer les soldats à intervenir. Mais derrière cette affaire sordide se cache une trahison plus menaçante…

Retour à la Grande Armée donc, mais l’on quitte les batailles pour un moment de répit, un répit difficile pour la troupe, propice aux querelles. C’est le quotidien d’un régiment, avec ses fortes têtes et ses tensions. Michel Dufranne, le scénariste, explore ce moment moins stéréotypé de l’épopée impériale, celui de l’attente et de l’occupation d’un territoire… Que font les soldats entre deux batailles ? et quelles relations entretiennent-ils avec la population ? Usant du français, du russe et du polonais, il met en scène les difficultés de communication, les peurs, les petites lâchetés… Loin de Paris, l’épopée se traîne et le quotidien devient poisseux. L’introduction de la maçonnerie dans cette aventure rappelle l’ampleur de la maçonnerie parmi les partisans de Bonaparte. Et comme pour le premier tome, la langue des soldats se veut authentique. Le graphisme est, une fois de plus, bien adapté : Alexander domine mieux ses personnages, lesquels sont désormais bien individualisés. Il alterne scènes intimes et grands tableaux, et livre au final de cette période une image convaincante, qui nous rappelle, s’il en était besoin, les grandeurs et les misères de la vie de soldat. Un second tome moins « héroïque », plus « vie quotidienne » et même un peu thriller. Une épopée qui se poursuit vaillamment, comme une campagne impériale.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 23/12/2008 )
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