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Bande dessinéeet Historique  

Jour J (tome 16) - L’Etoile blanche
de Jean-Pierre Pécau , Fred Duval et Damien
Delcourt - Neopolis / Série B 2014 /  14.30 €- 93.67  ffr. / 56 pages
ISBN : 978-2-7560-4803-1
FORMAT : 24x32 cm

Le monde à l’âge de raison ?

Si le Titanic n’avait pas coulé, Céline Dion serait-elle devenue une star internationale ? Si la question n’est pas sans intérêt, on considérera, avec Pécau, Duval et Damien, qu’il est des hypothèses plus passionnantes. En 1912, le naufrage du paquebot réputé insubmersible est une tragédie dont les échos demeurent jusqu’à nos jours… alors que se serait-il passé si ce naufrage n’avait pas eu lieu… ou bien si il n’avait été que retardé (après tout, des icebergs continuent de croiser dans l’Atlantique nord), et si le Titanic avait finalement rencontré son iceberg final en 1936… avec, à son bord, le chancelier allemand (un certain Hitler) ainsi qu’un savant connu et pas encore atomiste, Albert Einstein. Plus d’Hitler, plus d’Einstein… un monde différent où émerge un jeune garçon, fils d’un richissime industriel américain : Maxime Waterson. Ce dernier va peu à peu s’imposer, témoin engagé de l’Histoire, assistant aux grandes crises, participant à l’essor des médias, puis de la conquête spatiale à la tête d’une immense holding aux allures de gouvernement secret, qui entend pacifier le monde au prix de sa liberté. Un dictateur soft, qui se heurte toutefois à une opposition… et à la réalité.

Considérons que dans ce nouvel album de Jour J, le Titanic est un accessoire, un prétexte à une uchronie bien plus ambitieuse : celle d’un monde où le nazisme a rapidement disparu, et où un milliardaire, Max Waterson entend imposer, par tous les moyens, le règne de la raison et de la technologie. Après la pax romana, la pax watersonia ? Au scénario, Pécau et Duval ont, comme à leur habitude, concocté une intrigue dense, qui sillonne l’Histoire, surfe autour des grands moments (du naufrage du Titanic à l’alunissage de 1969) et développent un récit habile autour du personnage de Maxime Waterson. L’hypothèse, toujours séduisante, d’un gouvernement mené par un homme d’affaire rationnel (Waterson, version locale de Lex Luthor ?) est ici passée au crible de l’histoire alternative. Quant au dessin de Damien, il sait également s’inspirer de quelques standards du cinéma, depuis 2001 l’Odyssée de l’espace, jusqu’aux films classiques sur le New York des années 30… ou encore Titanic. Une intrigue bien menée, et bien mise en scène, pour une série qui exploite toujours avec autant de talent le thème de l’uchronie.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 21/07/2014 )
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