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Bande dessinéeet Historique  

Double Masque (tome 3) - L'Archifou
de Jean Dufaux et Martin Jamar
Dargaud 2006 /  11 €- 72.05  ffr. / 51 pages
ISBN : 2-87129-885-8
FORMAT : 22,5x30cm

Les dessous de l’Empire

Le Consulat vu du XXIème siècle, est une période brillante, où le clinquant des uniformes va de pair avec le brillant de l’acier et l’éclat du canon. L’aigle prend son envol, derrière le premier consul Bonaparte, Napoléon se dessine… Mais qu’en est-il des ombres du Consulat, de la nuit parisienne et de ses recoins ? On avait croisé la Torpille, un petit pickpocket devenu espion du premier consul, une sorte de version consulaire de Vidocq, dans une histoire en deux albums, La Torpille et La Fourmi ; aventure au cours de laquelle notre espion débutant partait en quête d’un masque mystérieux appartenant à Bonaparte. Dans ce nouvel opus, L’archifou, le voilà confronté à un habile maître chanteur, lequel s’est emparé de la correspondance échangée entre Cambacérès, second consul et son jeune amant du nom de Friquet. Or l’homosexualité du second consul n’est pas de nature à renforcer le régime, aussi la Torpille est-il chargé de retrouver les lettres… et vite, d’autant que Fouché est sur la piste. Mais sur son chemin, il va croiser un personnage mystérieux, alter ego de Bonaparte, évoluant dans l’ombre et le crime : la Fourmi. Qui, des uns ou des autres parviendra à trouver les lettres ? et dans quels but ? Bienvenue dans les dessous de la France napoléonienne, où le fantastique côtoie le crime.

L’ère napoléonienne est une époque qui inspire rarement les auteurs de bandes dessinées, mais depuis quelque temps (Shandy, chez Delcourt, et Double Masque donc), l’amateur de BD sent sa fibre impériale se réveiller. Avec Dufaux et Jamar, on est plutôt dans les prémisses de l’Empire, et l’on croise plus souvent Fouché (le célébrissime maître de la police) et ses créatures que les maréchaux ou la garde impériale. Du reste, de la Torpille à Vidocq, il n’y a qu’un pas... Si la figure de Napoléon se dessine peu à peu, au cours des histoires, on croise également nombre de personnages historiques. Ainsi, le Cambacérès de ce nouvel album est très réussi, en fidèle du futur empereur, à la fois calculateur et passionné. Quant au décor, il est une fois de plus assez réussi (même si l’on apprécierait davantage de vues de la capitale et de son quotidien). Cette idée des bas-fonds du Paris consulaire, une version début de siècle d’Eugène Sue et de ses Mystères de Paris, est des plus inspirées.

Scénario haletant riche en coups de théâtre et mystères, graphisme réaliste, précis et attentif aux représentations d’époque (avec quelques belles vues des palais d’alors), voici un bon thriller historique, par deux experts du genre : Jean Dufaux (Djinn, La Complainte des Landes Perdues, Murena…) n’est plus à présenter, quant à Martin Jamar, sa complicité avec le scénariste, forgée avec Les Voleurs d’Empire, est manifeste dans cette série. Pour la longévité, il faut sans doute se montrer optimiste : Waterloo est encore loin !

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 20/06/2006 )
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