Bande dessinée
Manga de Moebius et Jirô Taniguchi
Dargaud/Kana 2010 / 18,00 €- 117.9 ffr. / 330 pages
ISBN : 978-2-5050-0948-1
FORMAT : 26x19,5 cm
L’Icare d’heure de gloire de Moebius au Japon
En pleine vague d’attentats terroristes à Tokyo, une jeune femme met au monde un enfant mutant doté d’un pouvoir étonnant : la lévitation. Les scientifiques et l’armée s’emparent immédiatement du nourrisson pour le cacher sur une île déserte afin de l’inclure dans un programme de recherche expérimentale. Isolé du reste du monde et réduit à l’état de cobaye pendant près de 20 ans, Icare subit un entraînement militaire drastique en vue de servir le régime fasciste en place. L’adolescent est comme un oiseau en cage, ignorant même ce qu’est le ciel. Mais il décide un beau jour de prendre son envol…
Icare est le fruit d’une surprenante et superbe collaboration entre Moebius, que l’on ne présente plus, et Taniguchi, le prodigieux dessinateur de mangas. Ce dernier offre des illustrations sublimes et audacieuses, visiblement sorties directement de ses entrailles tant leur force est percutante. La vibrante intensité dramatique du scénario concocté par Moebius est le prétexte à d’incroyables scènes d’action dont l’esthétisme post-moderne bouleverse à chaque page. Ce joli conte fantastique, « fresque incroyable » selon les propres dires de Moebius, s’appuie sur une histoire d’amour transcendée qui ouvre sur de multiples possibles et une certaine idée de l’infini. Le caractère inachevé de l’œuvre ne fait que renforcer ce sentiment de liberté absolue.
L’entretien en post-face avec le célèbre dessinateur français éclaire sur la gestation et la naissance de l’oeuvre, longues de dix ans ! Moebius s’est offert par le truchement de cette collaboration un véritable Icare publicitaire dans le pays du Soleil Levant (difficile de ne pas la faire !), se faisant ainsi connaître du grand public nippon en frappant un grand coup : une politique-fiction onirique mêlant mutants et dérives fascisantes associée au nom de l’un des plus grands mangakas du pays. Une belle réussite, et un grand bravo à Kana pour cette splendide réédition !
Océane Brunet
( Mis en ligne le 23/11/2010 )
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