Bande dessinée
Manga de Masato Hisa
Glénat - Seinen 2015 / 9.15 €- 59.93 ffr. / 224 pages
ISBN : 978-2-7234-9881-4
FORMAT : 13x18 cm
Manga OVNI
Fin du XIXe siècle, Saint-Pétersbourg en Russie, le tsar discute avec un peintre qui fait son portrait. Ils évoquent notamment leur ami commun : Dorian Gray, mais surtout l'orbe. La sphère couronnée qui fait parti des symboles de pouvoir de la Russie. L'artiste pose beaucoup de questions qui semblent déranger le souverain. Plus tard, on s'aperçoit que le peintre transmet, via un code couleur inspiré par la poésie de Rimbaud, un message à d'autres agents secrets britanniques. L'orbe est un faux : le Tsar n'a plus en sa possession ce symbole étrange et ne veut pas que cela se sache. Lily Apricot, tueuse au service de la couronne d'Angleterre, est envoyée en mission de récupération. Pourquoi le Royaume-Uni se mêle des affaires russes ? Elle l'ignore et elle n'a pas le droit de s'interroger là dessus. Avec sa curieuse collection de bouteilles d'alcools, elle approche le voleur masqué. Mais surprise par le physique étrange des acolytes du malfaiteur et par leur force hors du commun, elle manque de se faire tuer. Heureusement, un homme survient pour la sauver. Cette rencontre va définitivement changer le monde de Lily. Désormais, elle fait partie des gens qui savent ce que sont devenus les dinosaures !
Entre l'uchronie et la série d'espionnage, ce manga plaira sans doute aux fans de steampunk et de La Ligue des Gentlemen extraordinaires. On y retrouve un XIXe siècle fantastique et fascinant. Tous les héros de fictions prennent vie et les mythes rejoignent la réalité, ce qui éclaire d'un jour nouveau notre réalité. Jabberwocky est un shaker où tout est joyeusement mélangé sans fausse pudeur : on fait de la série Z avec des flingues et des nanas qui alternent belles robes à frou-frou et body sexy... Pas de problèmes ! L'auteur s'en donne à cœur joie et cela donne un manga qui est, à la fois, sans originalité outrancière et atypique : le lecteur retrouve joyeusement tous les poncifs de la littérature de gare dans un contexte jamais vu.
L'intrigue de ce manga est certes surprenante, mais moins que le graphisme très inspiré du travail de l'américain Frank Miller où seules les ombres définissent la forme. Jabberwocky essaye d'être un lieu de rencontre avec l'occident tant par ses nombreuses références culturelles (aux œuvres d'Oscar Wilde, Alexandre Dumas, Rimbaud, Lewis Caroll, les westerns spaghettis...) que par une manière de dessiner qui semble vouloir s'affranchir des standards japonais. On retrouve cependant de la trame et un design toujours très manga pour l'héroïne. La cohabitation entre les diverses influences donnent un résultat intéressant qui met en appétit pour la suite : le dosage de ce mélange va sans doute évoluer et continuer à nous surprendre. Et vous ? Vous avez déjà essayé les frites au chocolat ?
Delphine Ya-Chee-Chan
( Mis en ligne le 10/03/2015 )
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