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Bande dessinéeet Manga  

Innocent (tome 1)
de Shin'Ichi Sakamoto
Delcourt - Seinen 2015 /  7.99 €- 52.33  ffr. / 224 pages
ISBN : 9782756070032
FORMAT : 13x18 cm

Histoire d’exécuteur

Mai 1753 à Paris, Charles-Henri Samson a été renvoyé de sa pension de Rouen
à cause de ses origines. En effet, il est le descendant des bourreaux
parisiens. Sa famille vit dans le luxe, mais inspire la crainte et le dégoût
aux nobles comme au peuple. Face à cette situation de paria, la grand-mère
de Charles-Henri décide que ce jeune homme de 14 ans doit commencer à se
former à la fonction d’exécuteur. Il refuse violemment, guidé par
l’intuition que donner la mort est contraire à la morale et que l’aversion
éprouvée à l’encontre de sa famille est la preuve qu’ils n’agissent pas au
nom de la justice et du bien commun. Son père va tenter de le convaincre par
la manière forte…

Après le rebelle solitaire de la série Ascension, l’auteur décide de
travailler un manga biopic sur celui qui décapita Louis XVI. Ce personnage a
beau faire partie de notre histoire, il n’est pas une figure très connue en
France. C’est donc avec une certaine curiosité qu’on accueille ce premier
tome. Les japonais, passionnés par l’Histoire de notre pays, ont une
approche assez libre et décomplexée des grandes figures historiques
occidentales. On pense bien sûr à La Rose de Versailles (de Riyoko
Ikeda chez Kana), mais aussi au récent Les deux Van Gogh (de Hozumi
chez Glénat) qui joue sur les attentes du lecteur. Dans Innocent,
l’auteur ne semble pas avoir cherché à faire une reconstitution minutieuse
du Paris de cette époque. On reconnait quelques monuments (comme l’Hôtel de
Ville), mais les décors sont au service de l’ambiance. Le dessin est soigné,
fin et d’un réalisme quasi-photographique pour certaines cases. Le graphisme
des personnages reste typé manga avec des grands yeux mais les détails
apportés aux éléments du visage les rendent moins stylisés que dans la
majorité des mangas. Pourtant ce qui distingue le plus ce titre de la
production actuelle, c’est le découpage : de grandes cases se répartissent
la page de manière très ordonnée. L’œil du lecteur est alors incité à
s’attarder sur ces dessins pour en extraire le sens. Le temps s’écoule alors
de façon inhabituelle. L’auteur fait des allers-retours dans l’histoire de
cette famille peu commune. Les drames en préparation s’annoncent tragiques.

Un manga habile qui joue magnifiquement avec les techniques de la bande
dessinée, mais à réserver aux plus âgés.

Delphine Ya-Chee-Chan
( Mis en ligne le 27/04/2015 )
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