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Bande dessinéeet Manga  

Psychometrer Eiji (vol. 13)
de Masashi Asaki et Yûma Andô
Dargaud/Kana 2004 /  5.75 €- 37.66  ffr. / 180 pages
ISBN : 2-87129-606-5
FORMAT : 12 x 18 cm

Les « furyô » du samedi soir

Shima, la belle inspectrice avec laquelle Eiji la petite frappe a lié d’étranges liens d’amitié, mène une enquête concernant un dangereux psychopathe fétichiste, qui sème la terreur dans la police depuis quelques mois. En effet, l’individu s’en prend à d’innocentes «pervenches», dont l’uniforme semble avoir un effet hautement aphrodisiaque sur lui. Comble de l’étrangeté, il ne s’attaque qu’aux plus laides d’entre elles... Shima, ignorant ce dernier détail, décide de servir d’appât. Heureusement pour elle, une créature pour le moins repoussante lui fait office de coéquipière. La jeune agent de police n’est pas au bout de ses surprises et son acolyte se révèlera finalement beaucoup plus «couillue» qu’elle n’aurait pu l’espérer au premier abord. De son côté, la demi-sœur d’Eiji se laisse séduire par un bel étudiant en médecine, dont la grande passion est la gynécologie. Mais Eiji veille et se transforme peu à peu en véritable justicier des bas quartiers. Entre-temps, Yûsuke, son meilleur ami, se fait agresser par une bande de gothiques métalleux qui comptent ainsi intimider Eiji, lequel commence à leur faire de l’ombre à la salle de concert du coin avec son groupe de pop.

Psychometrer Eiji appartient à la catégorie, encore peu connue en France, des seinen, mangas essentiellement destinés à un public adulte. Pleine d’humour noir, parfois à la limite de l’horreur, cette série alterne les ambiances, passant sans complexe de la franche rigolade (avec des situations particulièrement cocasses entretenues par de nombreux quiproquos) à des climats beaucoup plus malsains, où perversions en tout genre et violence gratuite sont légions. Cette succession de petites histoires très bien ficelées instaure un suspense haletant et nous plonge dans des enquêtes aussi palpitantes les unes que les autres. Mention spéciale à l’épisode du concert de métal qui dégénère à souhait, caricature très bien vue et plutôt gentille, où les protagonistes no future y font une prestation mythique et à mourir de rire. Du grand art ! Bref, ce qui touche chez Psychometrer Eiji – comme l’a d’ailleurs souligné l’éditeur – c’est le caractère familier des situations et des personnages, dont le panel élargi permet aux auteurs de réaliser ici un manga rythmé, vif et nerveux.

De plus, sont proposées en fin d’ouvrage des photos des lieux où se déroule la série, ainsi que des références cinématographiques qui approfondissent le thème de la délinquance au Japon, relatant principalement les aventures de jeunes ados paumés, issus de milieu défavorisés et se retrouvant rapidement marginalisés. Enfin, à noter, un sujet spécial seinen manga dans le Chronik’art de février-mars, où vous en apprendrez un peu plus sur ce genre, même si les auteurs ne nous épargnent pas leurs habituelles dérives branchouilles qui peuvent finir par lasser même le plus courageux d’entre nous…

Océane Brunet
( Mis en ligne le 12/03/2004 )
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