L'actualité du livre
Bande dessinéeet Manga  

Bleu indigo (vol. 8)
de Kou Fumizuki
Pika éditions 2004 /  6,95 €- 45.52  ffr. / 182 pages
ISBN : 2-84599-367-6
FORMAT : 11x18 cm

Une femme sous influence

Aoi a une nouvelle lubie : avoir une plus grosse poitrine pour garder Kaoru auprès d’elle… Et lorsque ce dernier accepte de passer une journée entière à ses côtés, cette femme au foyer invétérée ne trouve rien de plus affriolant que de lui proposer de cuisiner ensemble. En retour, Kaoru emmène sa fiancée sur la tombe de sa mère, question de détendre définitivement l’atmosphère.

Sous des allures faussement bon enfant, ce nouveau tome soulève le difficile problème du désir charnel, constamment sublimé par nos deux amoureux. En effet, l’oralité prend ici une place toute particulière, et il ne se déroule pas un épisode sans que Kaoru et Aoi ne « passent à table », sans jamais pourtant aborder de but en blanc ce qui les tourmente tant. Face à cette impasse, l’auteur tourne autour du pot, comme intimidé par le fait de devoir en arriver tôt ou tard à une scène d’amour, qu’il suscite paradoxalement sans cesse : Fumizuki est ainsi passé maître dans l’art de clairsemer ses saynètes de gros plans divers et variés sur les petites culottes et les poitrines (très) opulentes de ses héroïnes, conférant à la série un côté lubrique indéniable, mais aussi terriblement refoulé.

Empêtré dans son scénario – et ce malgré un humour souvent licencieux - l’auteur repousse l’inéluctable moment du passage à l’acte, et on ne voit pas comment la situation entre nos deux amants aussi coincés que des trombones à coulisse pourrait se débloquer. C’est d’ailleurs une étrange relation qui unit Aoi à Kaoru, mêlée de complicité et de soumission, la jeune femme étant le prototype de la parfaite ménagère obéissante à souhait. Cette conception du couple nous plonge ainsi dans un Japon plus traditionnel, où les journées sont rythmées par la cérémonie du thé, l’ikebana ou la pratique du koto, sorte de longue cithare tendue de 13 cordes de soie. Avec en prime un cours de port de kimono - bien plus complexe qu’il n’y paraît - qui requiert une dextérité et des nerfs à toute épreuve.

Océane Brunet
( Mis en ligne le 31/12/2004 )
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