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Le Sommet des Dieux (vol. 3)
de Jirô Taniguchi et Yumemakura Baku
Dargaud/Kana 2004 /  18,00 €- 117.9  ffr. / 332 pages
ISBN : 2-87129-580-8
FORMAT : 17x24 cm

Une incroyable épopée

Après avoir tenté sans succès d’atteindre le sommet de l’Everest en 1921 et 1922, une nouvelle expédition britannique se lance en 1924 à la conquête de ce redoutable et fascinant sommet. Après que Norton et Somervell ont rebroussé chemin à cause du manque notable d’oxygène, Mallory décide d’entreprendre une nouvelle fois la difficile ascension, mais équipé de bombonnes d’oxygène cette fois-ci pour pallier la raréfaction du précieux gaz une fois la barre des 8000 m franchie.

Accompagné du jeune Irvine, l’alpiniste prend hélas un retard considérable lors de la grimpée, ralenti par les deux bouteilles d’oxygène de quatorze kilos chacune, qui entravent l’avancée des deux hommes. Ces derniers ne donneront finalement plus de nouvelles, et les recherches menées par leurs coéquipiers restés au camp 4 resteront infructueuses… Mais les deux alpinistes sont-ils parvenus à atteindre le sommet avant leur disparition ?

Soixante-dix plus tard, le japonais Fukamachi mène l’enquête pour répondre à cette palpitante interrogation. Son but : retrouver l’appareil photographique emmené par Mallory lors de cette ultime ascension et faire développer la pellicule afin d’apporter la preuve que ce dernier a bel et bien été le premier homme de l’Histoire a avoir foulé le sommet des Dieux.

Rédigé dans un style documentaire efficace et s’appuyant sur une vérité historique qui dépasse parfois la fiction, ce superbe manga retrace avec brio la formidable épopée himalayenne du vingtième siècle. Ce voyage au cœur du microcosme des sherpas et alpinistes en tous genres, fait de rivalités, d’amitiés fortes, de dépassement de soi, retrace les pages les plus glorieuses de l’alpinisme mondial, révélant ainsi au lecteur les nombreuses interrogations qui jalonnent la conquête de l’Everest, avec ses zones d’ombre, ses héros, ses mythes et ses drames. Le trait, saisissant et nerveux, invite à l’évasion : à l’immensité froide et blanche de la montagne s’oppose la fragile condition humaine, et la solitude des sommets ne manque pas de replacer l’Homme dans sa dimension de simple mortel.

Cette immersion dans l’histoire de ce qui fut probablement la dernière grande aventure humaine sur notre belle planète (largement supplantée depuis par la conquête de l’espace) se voit doublée ici d’une intrigue palpitante qui nous emmène dans les ruelles sinueuses et étroites de Kathmandou. Prétexte à la découverte d’une civilisation pittoresque aux us et coutumes ancestraux et à l’exception culturelle toute particulière, ce polar népalais mené d’une main de maître ne manque pas de charme, malgré un scénario parfois hautement improbable et tarabiscoté à souhait. À mille lieues d’œuvres telles que l’Homme qui marche ou Quartier lointain, Taniguchi prouve une fois de plus son grand talent et sa polyvalence dans un art souvent voué à la redite.

Enfin, pour la petite histoire, sachez que ce fut Edmond Hillary qui atteignit pour la première fois les quelque 8850 m en 1953. Le corps de Mallory fut retrouvé en 1999 par Anker, qui émit alors de profonds doutes sur le fait que l’alpiniste ait réussi à fouler le sommet du toit du monde, mettant ainsi brutalement fin à l’un des mystères les plus fascinants de l’aventure himalayenne…

Océane Brunet
( Mis en ligne le 17/01/2005 )
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