L'actualité du livre
Bande dessinéeet Manga  

Body and soul (vol. 1)
de Erica Sakurazawa et Takumi Terakado
Asuka 2005 /  9,00 €- 58.95  ffr. / 208 pages
ISBN : 2-84965-067-6
FORMAT : 15x21 cm

Ne sous-estimez pas vos règles !

Miku se sent mal dans sa peau : son couple bat de l’aile, sa migraine chronique ne lui laisse aucun repos et ça ne va pas fort au boulot. Pour se détendre, la jeune femme se gave d’aspirine et boit comme un trou. Bref, c’est ce qu’on appelle filer un mauvais coton.

S’adressant ouvertement à un public féminin (collection Ladies…) stigmatisé par la lectrice de Elle ouMarie-Claire, la série retrace les déboires d’une héroïne en proie à une somatisation exubérante et totalement névrosée. Lombalgies, retard de règles et céphalées sont le lot quotidien de Miku, qui se révèle grande consommatrice de biens et de services médicaux. Véritable éloge de la médecine douce (et du bain de siège), le manga est réalisé en collaboration avec le Dr Takumi, chiropraticien-acupuncteur-bonimenteur-charlatologue, qui dispense des recettes simples et peu dangereuses (quoique…) pour parvenir à une harmonie intérieure grâce à une unification du corps et de l’esprit. Sachez donc mesdames que « intiment lié à votre corps, l’utérus fonctionne à la façon d’un signal raccordé directement à votre cœur » et qu’il ressent le « désaccord installé » entre ces deux instances (corps et cœur, vous me suivez ?) et tente de vous en alerter… Mais plus il y a plus grave : bloquer ses impulsions au niveau du cerveau contrarie les ovaires. Eh oui !

Le concept original et intéressant du départ débouche ainsi sur une somme de conseils à la Rika Zaraï plutôt ineptes, qui agitent de façon paradoxale les dangers d’une médecine techniciste et les bienfaits d’une pratique médicinale qui apporterait la solution au moindre souci quotidien, sans aucun médicament évidemment. Avec une vision franchement idyllique du soignant qui recourt à cette psychologie de troisième zone pour traiter aussi bien les durillons que les échecs amoureux, assimilé ici à un magicien capable des pires miracles.
Enfin, on retiendra la faiblesse de la narration, qui use de ressorts cousus de fil blanc et fait preuve d’un humour catastrophique (loin de celui d’Happy mania par exemple). Cette histoire pour adolescentes en mal d’amour, très fleur bleue et dont l’issue ne fait pas un pli, est tout de même sauvée par la qualité du graphisme et l’existence de personnages malgré tout sympathiques et attachants.

Enfin, nous ne saurions résister au plaisir de vous livrer une dernière maxime pour bien finir la journée, ode décalée au bain de siège : « un tel bain est bon non seulement pour les épaules dures, les douleurs de tête ou menstruelles, mais vous rend aussi plus belle en activant la circulation du liquide céphalorachidien ("l’énergie sexy"), et se révèle être une source de bonheur qui aide à découvrir celui qui vous convient ». Paraphrénie, quand tu nous tiens…

Océane Brunet
( Mis en ligne le 30/07/2005 )
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