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Bande dessinéeet Manga  

Say hello to Black Jack (vol. 8)
de Syuho Sato
Glénat - Seinen manga 2005 /  6,40 €- 41.92  ffr. / 200 pages
ISBN : 2-7234-5182-8
FORMAT : 12,5x18 cm

Ce qui me tue me rend plus fort

« La médecine, ce n’est pas opérer, administrer des médicaments, guérir les blessures ou les maladies. Vaincre la mort n’est pas du ressort de la médecine. La médecine est le domaine où l’on réfléchit à comment affronter la mort. » Partant de ce postulat humble et éminemment clairvoyant qui replace l’Humain au centre de la pratique médicale, Sato nous offre une série poignante qui s’attache à des patients dans leur globalité. On suit ainsi la lente agonie de Mme Tsujimoto, atteinte d’un cancer du pancréas, qui se révèle être d’un courage admirable face à la maladie. De cet attardement (plus de trois tomes consacrés à cette patiente, tout de même !) naît un attachement inévitable du lecteur pour un personnage terriblement humain. L’auteur se joue ainsi de nos sentiments, nous fait chavirer entre les pôles que sont la raison et le cœur, qu’il titille inlassablement. Le but de la démonstration est clair : bien que la médecine soit la plus noble des sciences humaines, elle est aussi le plus difficile des arts. Les soignants sont toujours sur la brèche, les patients souvent perdus et désespérés. C’est la vie même qui est placée au cœur de la série, avec ses vicissitudes, ses bonheurs et ses injustices.

Le manga ne se prive pas d’aborder d’autres grandes problématiques : le coût des traitements existants qui limite d’autant leur utilisation, le rapport médecin/patient avec la transparence et l’honnêteté qu’il implique, l’acceptation de la mort, l’annonce de la maladie incurable au patient et à son entourage, etc. Say hello to Black Jack est un manga social qui vous malmène, vous violente et vous prend aux tripes à chaque page en s’appuyant sur le sentiment de révolte que peut inspirer la mort. Face à ce phénomène hélas inévitable, la série dénonce la démission de certains médecins qui ne pensent plus être utiles à leurs patients, et prouve que de cette impuissance peut naître, à l’aide d’un peu de volonté, la plus belle des relations humaines. Tout simplement bouleversant…

Océane Brunet
( Mis en ligne le 16/10/2005 )
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