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Bande dessinéeet Manga  

Say hello to Black Jack (vol.9) - Chroniques de psychiatrie volume 1
de Syuho Sato
Glénat - Seinen manga 2005 /  6,40 €- 41.92  ffr. / 200 pages
ISBN : 2-7234-5183-6
FORMAT : 12,5x18 cm

C'est bien la pire folie que de vouloir être sage dans un monde de fous.

Nouveau stage pour Saitô, et nouveaux défis. Notre jeune premier se fait en effet recevoir de manière plutôt glaciale en psychiatrie, le chef de service estimant que ce serait une perte de temps que de lui apprendre quoi que ce soit d’une spécialité à laquelle l’interne ne se destine pas. Et voilà donc Saitô avec pour seul patient sous sa responsabilité un journaliste qui mène un travail d’investigation en subissant un internement volontaire. Magnifique…

Syuho Sato profite de cette escale en secteur fermé pour déballer tous les préjugés qui collent à la maladie mentale, préjugés souvent partagés par le lecteur du reste. Il dénonce ainsi avec virulence le politiquement correct qui anesthésie actuellement la médecine (on ne dit plus «schizophrène» mais «trouble psychique de la dissociation») afin de dissimuler la pathologie derrière un fatras de mots compliqués qui se veulent paradoxalement rassurants. Et, comme le remarque si justement l’auteur, «ce genre d’initiatives ne sert qu’à enfouir profondément les racines de la discriminations».

La série offre en définitive un regard pertinent et percutant sur cette fascinante spécialité, où se posent les problèmes de la réinsertion dans la société des patients atteints de troubles mentaux, de l’ambivalence des familles vis-à-vis de leur pathologie et de l’attitude à double tranchant des soignants, tour à tour confidents et punisseurs… Avec une dénonciation en bonne et due forme du rôle déterminant des médias dans l’entretien de la peur et de la réaction de rejet face à la maladie mentale.

Ce changement de service apporte ainsi un nouveau souffle à la série, qui soulève des questionnements essentiels auxquels se trouve confronté tout médecin à un moment ou à un autre de son exercice. Le contact de Saitô avec les «fous» l’oblige en effet à une introspection sans concession et l’amène à s’interroger sur sa propre identité.

Océane Brunet
( Mis en ligne le 04/01/2006 )
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