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Bande dessinéeet Manga  

Say hello to Black Jack (vol.12) - Chroniques de psychiatrie 4
de Syuho Sato
Glénat - Seinen manga 2006 /  6.50 €- 42.58  ffr. / 185 pages
ISBN : 2-7234-5498-3
FORMAT : 13.5x18 cm

Le médecin malgré lui

Ozawa se jette dans le vide suite à sa sortie de l’hôpital. L’homme est dans un état critique, et sa mère accuse les psychiatres d’avoir sous-estimé son mal-être et d’avoir décidé une sortie trop prématurée pour son fils.

Syuho Sato se fait une fois de plus le défenseur des opprimés, en dépeignant la terrible exclusion dont sont victimes les malades mentaux, ainsi que la peur qu’ils suscitent dans la population générale. L’amalgame entre criminalité et pathologie mentale qui s’opère dans tous les esprits et qui est largement relayé par la presse soulève une menace eugénique inquiétante envers ces patients.
La tension montre d’un cran donc, notamment dans les affrontements qui opposent la mère d’Ozawa à ses psychiatres : cette dernière commet des erreurs dans sa volonté maladroite de l’aider, et ne supporte pas que l’on lui donne des conseils éducationnels. L’incompréhension soignants/familles de patient est à son comble, et le dialogue de sourds qui s’instaure se fait ainsi au détriment du malade.
Le lot habituel d’images choc agrémente ce tome (une défenestration, une intervention chirurgicale, une contention en chambre d’isolement), qui se démarque par son extrême étrangeté : à la fois bavard et décevant, le propos s’enlise un peu. L’auteur dénonce par ailleurs de façon peu diplomatique et acerbe l’indifférence –voire le mépris- des autres médecins spécialistes envers la psychiatrie. Ainsi l’interrogation politiquement incorrecte d’un chirurgien inhumain et monosynaptique (mais ceci est bien souvent un pléonasme chez Sato) suite à l’intervention chirurgicale d’Ozawa : « Mais dîtes-moi, c’est vraiment si important que ça ? C’est un malade mental, non ? Pourquoi ne pas le laisser faire, s’il veut mourir ? ». Ce procès d’intention agaçant envers toute une frange des praticiens ne sert absolument pas le propos de la série. Sato saura-t-il rebondir et apporter un second souffle au manga dans la cinquième chronique de psychiatrie, ou ruminera-t-il encore et encore ses idées les plus noires jusqu’à la mortification ?

Océane Brunet
( Mis en ligne le 08/08/2006 )
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