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Bande dessinéeet Manga  

In the clothes named fat
de Moyoco Anno
Dargaud/Kana - Made in 2006 /  12.50 €- 81.88  ffr. / 200 pages
ISBN : 2-87129-951-X
FORMAT : 21x12 cm

Une Grosse déprime

Noko est une employée de bureau replète qui vit de plus en plus mal les railleries de son entourage professionnel. Extrêmement choquée par la découverte de l’infidélité de son petit ami avec Mayumi –superbe blonde au demeurant, dont Noko est accessoirement le bouc émissaire au travail-, la jeune femme décide de maigrir. Mais le fait de devoir moins manger angoisse terriblement Noko, dont les crises de boulimies redoublent. Seul solution à cet épineux problème : se faire vomir.

Moyoco Anno s’attache à travers ce livre à décrire le quotidien d’une boulimique, sans jugement de valeur ni solution miracle. Son héroïne occidentalo-pléthorique subit certes une certaine forme de discrimination, mains n’en est pas pour autant une martyre immaculée. Son incapacité à être heureuse, que ce soit avec vingt kilos de trop ou de pas assez, la rend particulièrement pitoyable. Condamnée à être éternellement mal dans sa peau, torturée à l’extrême, cette jeune femme peu volontaire et pleurnicheuse souffre en permanence du regard des autres.
Ces derniers ne l’aident d’ailleurs guère, lui soufflant des avis et des conseils contradictoires. Une chose pourtant ressort de leur discours : presque tous souhaitent la voir rester grosse, chacun en tirant des bénéfices secondaires très égoïstes. La situation d’infériorité qui découle de cet état leur offre de plus un ascendant jubilatoire sur la pauvre Noko. Des relations malsaines que génère l’auteur entre ses protagonistes naît un écrasant rapport de domination. Et Moyoco Anno s’en donne à cœur joie pour rendre ces êtres plus antipathiques les uns que les autres : de la blonde bêcheuse, garce sans nom au cœur de pierre, au petit ami faible et hypocrite, nul n’est épargné. Mais la mangaka n’apporte jamais d’explications, encore moins de justifications, aux actes de ses personnages, préférant la mise en exergue de leur complexité psychologique à la recherche d’excuses idiotes.
Entre enfer quotidien et chamailleries de cours d’école, In the clothes named fat dresse le portrait vitriolé d’une société qui entretient le culte du corps et de la futilité. Édifiant…


Océane Brunet
( Mis en ligne le 24/08/2006 )
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