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Bande dessinéeet Manga  

Evil heart (vol.1)
de Tomo Taketomi
Dargaud/Kana - Big kana 2006 /  7,35 €- 48.14  ffr. / 180 pages
ISBN : 2-505-00011-5
FORMAT : 13x18,5 cm

Des poings, c’est tout.

Umeo vit seul avec sa sœur. Sa mère a en effet été incarcérée après avoir gravement blessé son frère ultra-violent Shigoru à l’arme blanche.
La rentrée des classes du garçonnet se passe plutôt mal puisqu’il ne peut s’empêcher de déclencher une bagarre en pleine cérémonie d’accueil des nouveaux élèves. Sujet à de brutales pulsions de haine, Uméo inquiète sa sœur, qui craint de le voir suivre le chemin de délinquant de Shigoru. Mais la rencontre de l’adolescent avec un professeur d’anglais va lui permettre de canaliser peu à peu la violence qui l’habite. Et ce par le truchement d’un art martial : l’Aïkido.

C’est autour d’un protagoniste touchant et complexe que s’articule cette série qui aborde un sujet difficile, la maltraitance familiale. Revanchard et teigneux, Umeo s’affiche tout d’abord comme un caïd intolérant à toute forme de frustration. Alors que le lecteur est en passe de le considérer comme un embryon de psychopathe, le garçon se révèle subitement vulnérable et déboussolé. L’adolescent bougon et égoïste, obsédé par le fait d’être le plus fort, ne recherche rien d’autre que des valeurs et des règles pour structurer sa personnalité éclatée. Et la solution à cet éparpillement se trouve ici dans l’Aïkido, art martial qui consiste à l’apprentissage d’un self-control capable de mettre à profit l’attaque d’un adversaire pour l’utiliser comme un moyen d’autodéfense. Soupape salvatrice à la rage d’Umeo, l’Aïkido est le prétexte pour l’auteur à mettre en avant des valeurs universelles : courage, volonté, respect d’autrui. Voici donc un manga de sport qui prône avec intelligence, à l’instar de Real ou Ping-Pong, la maîtrise de soi et l’apprentissage de l’humilité.
Mais Taketomi Tomo traite aussi d’un sujet autrement plus brûlant, avec beaucoup de circonspection : la violence conjugale. La situation familiale désastreuse que connaît Umeo offre son lot de scènes poignantes où douleurs physique et psychologique sont palpables. L’intensité dramatique est portée à son comble par des images choc habillant un texte abouti et percutant. Le jeune garçon parviendra-t-il à se construire malgré une enfance ravagée ? Saura-t-il rompre la malédiction qui pèse sur les hommes de sa famille, tous très violents ? Une œuvre qui ne laisse en tous cas pas indifférent…

Océane Brunet
( Mis en ligne le 28/11/2006 )
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