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Bande dessinéeet Manga  

Détenu 042 (vol.3)
de Yua Kotegawa
Dargaud/Kana - Big kana 2007 /  7,35 €- 48.14  ffr. / 238 pages
ISBN : 2-505-00045-X
FORMAT : 13x18 cm

Mon cobaye a des puces

À l’approche des vacances scolaires, le détenu 042 est transféré dans une prison afin d’y être surveillé en attendant la réouverture du lycée où il travaille.
C’est alors qu’il apprend qu’un autre condamné à mort a été sélectionné pour mener une expérience directement inspirée de celle dont il est l’objet. Mais quelques détails ont changé pour cette nouvelle tentative de réinsertion de serial killer : le détenu 023 n’aura pas de puce implantée dans son cerveau, seul un suivi très rapproché permettra de canaliser l’individu. 023 ne connaîtra donc pas la terrible épée de Damoclès qui menace 042 de lui faire sauter la cervelle au moindre faux pas.

Ce troisième tome décrypte avec justesse le mélange attraction/répulsion que suscite un tueur en série dans la population générale, avec d’une part le rejet le plus total qui s’accompagne d’un plaidoyer pour la peine de mort et, d’autre part, une fascination morbide qui élève l’assassin au rang d’icône pop. Kotegawa fait rarement état d’un juste milieu, puisque même le Professeur Shiina, instigateur principal de l’expérience, tombe dans le panneau et se montre incapable de garder l’indispensable distance nécessaire vis-à-vis de son « cobaye ».
Cette idée intéressante permet une mise en scène de relations dominant/dominé troublante qui illustre parfaitement toute la perversité des rapports humains. Car le détenu 042, non content d’être réduit à l’état d’un brave chien obéissant, développe un simulacre de syndrome de Stockholm tout à fait étonnant : un attachement étrange le lie à Shiina, pour le moins ambigu, et l’attirance incoercible qu’éprouvent les deux hommes l’un pour l’autre en dit long sur la complexité des personnalités mises en présence.
Les rapports de force mêlée d’amitié qui unissent les deux protagonistes sont ainsi l’occasion de rappeler toute la complexité de la relation à l’autre, mais permettent aussi à l’auteur de révéler la part d’humanité qui habite l’assassin en série, repenti par la force des choses : le désir d’humaniser le détenu 042 semble émaner de la conviction que tout le monde a le droit à une seconde chance, quelque soit son crime. Cet idéalisme candide, porteur de son lot de mièvrerie, tente d’éveiller plus ou moins adroitement chez le lecteur une amorce de réflexion sur des faits de société omniprésents. Une série dans l’air du temps.

Océane Brunet
( Mis en ligne le 27/02/2007 )
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