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Bande dessinéeet Manga  

Helter Skelter
de Kyôko Okazaki
Casterman - Sakka 2007 /  12,95 €- 84.82  ffr. / 320 pages
ISBN : 978-2-203-00281-4
FORMAT : 15x21 cm

Ô vieillesse ennemie !

Lili est le top model à la mode : publicité, cinéma, et maintenant chanson, rien n’est trop beau pour la star des podiums au physique de poupée Barbie. Mais Lili cache un lourd secret qui pourrait mettre sa carrière en péril si on venait à le découvrir. De plus, l’arrivée de la ravissante et outrageusement jeune Kozué sur le marché des mannequins provoque chez la jouvencelle une incoercible rage…

Produits de beauté, masques rajeunissants, crèmes anti-rides, pommades miraculeuses : cette pléthore de gris-gris qui apaisent plus l’angoisse de vieillir qu’ils ne font réellement rajeunir sont violemment conspués au travers de cette satire corrosive du monde du showbiz. Kyôko Okazaki réalise une dénonciation hargneuse du culte de l’apparence en propulsant sur le devant de la scène une héroïne machiavélique et perverse, lancée dans une quête effrénée de jeunesse éternelle. La beauté est ainsi le meilleur des passe-droits et permet de véritables impostures qui font qu’un mannequin sans talent se retrouve propulsé au rang d’actrice ou de chanteuse. D’aucunes se sentiront vilipendées par cette diatribe acerbe…
À la fois pathétique et détestable, Lili est aussi victime de cette notoriété gratuite, enfermée dans une case dont elle ne peut plus sortir. Icône kleenex au bout du rouleau, la jeune femme connaît une vertigineuse descente aux enfers, entraînant avec coriacité dans sa chute ses ennemis. Irascible et instable, Lili fait peu à peu le vide autour d’elle. Sa déchéance est inéluctable. On la palpe dès les premières pages, et suit son évolution insidieuse jusqu’au point de non-retour : alcool, drogues, insomnies et crises clastiques sont le quotidien de cette pauvre fille trop gâtée par la vie. Incapable de sentiments, centrée sur elle-même, Lili est une héroïne trash qui est la stigmatisation parfaite d’une société de consommation où l’être humain lui- même est devenu un produit périssable. Le ton est cru, les ambiances malsaines, parcourues par cette figure décadente à la sexualité brutale et sans fioriture. Entre haine et dégoût, la junkie ultra-sophistiquée est révélatrice du malaise de toute une génération.

Océane Brunet
( Mis en ligne le 22/08/2007 )
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