Bande dessinée
Manga de Kazuo Koike et Kazuo Kamimura
Dargaud/Kana - Sensei 2007 / 12,50 €- 81.88 ffr. / 510 pages
ISBN : 978-2-505-00231-4
FORMAT : 12x18 cm
Sympathy for Lady Vengeance
Lady Snowblood est une mystérieuse aventurière commanditée par des souteneurs pour faire le ménage parmi la concurrence : assassinats de parrains de la pègre locale, enquêtes dans le milieu de la prostitution, aucune mission ne semble trop épineuse pour la jeune femme qui s’avère être une guerrière confirmée. Mais Yuki porte en elle un lourd secret, avatar d’une vengeance que sa mère, morte en prison, n’a pu mener à bien.
Lady Snowblood retrace la destinée sanglante d’une héroïne déterminée, tueuse à gages froide et très professionnelle à la plastique parfaite. Robin des bois trash, le personnage de Yuki, sombre et complexe, a ainsi inspiré Quentin Tarantino (Kill Bill) et n’est pas sans rappeler certaines figures des œuvres azimutées de Park Chan-Wook.
Avec une succession vertigineuse de viols, de meurtres et de scènes de torture, le manga met en application le bon vieil adage « la fin justifie les moyens », offrant un cocktail immoral et affreusement malsain. Sexe (saphisme, masturbation, tout y passe) et mort s’entremêlent dans ce sulfureux scénario parfois maladroit, porteur d’un lot d’images écoeurantes et révoltantes qui suscitent l’adhésion du lecteur à la soif de vengeance qui anime les protagonistes.
Dotée d’une puissance narrative rare, l’œuvre révèle par flash-back stroboscopiques le douloureux passé de Lady Snowblood à l’origine de sa personnalité perturbée : machine de guerre élevée avec le sens de l’abnégation, de la souffrance physique et de l’endurance, Yuki ne connaît qu’une haine froide et calculatrice. Le manga ne conte rien d’autre que l’histoire du sacrifice d’une existence au service d’une vengeance. Mais de ce feu intérieur dévastateur ne découle qu’une quête vaine qui, une fois assouvie, n’apporte pas la moindre paix. Un carnage orchestré avec génie…
Océane Brunet
( Mis en ligne le 08/12/2007 )
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