Bande dessinée
Manga de Full Kang
Casterman - Hanguk 2007 / 14,75 €- 96.61 ffr. / 357 pages
ISBN : 978-2-203-37719-6
FORMAT : 15x19,5 cm
L’aventure est au bout de la rue
Après dix années passées aux USA, Ji-rho rentre à Séoul. Rien n’a vraiment changé dans le quartier de son enfance, mais tout lui semble plus petit : les rues, la cour de son école primaire, les façades des maisons. C’est au cours de l’une de ses promenades solitaires que la jeune femme fait la rencontre de l’idiot du coin, un garçon qui était autrefois dans la même classe qu’elle. C’est alors que tout un pan du passé de Ji-rho resurgit…
Étrange duo que ces deux narrateurs qui n’ont a priori rien en commun : d’un côté une pianiste casanière, de l’autre un idiot vivant le monde comme un spectacle permanent. Kang Full propose par le truchement de cette amitié bouleversante une plaidoirie pour le droit à la différence. Le panachage nécessaire de la population passe ainsi par l’intégration des retardés et des fous en tous genres, requis indispensable pour lutter contre le dangereux lissage que l’on veut nous imposer. La dictature de la normalité qui gangrène tous les pans de notre civilisation aseptisée impose un nivellement des personnalités triste à mourir que l’auteur tente de faire exploser grâce à ces doux rêveurs que sont Ji-rho et l’idiot. S’accommodant maladroitement de la réalité, chacun d’entre eux vit avec des souvenirs confus comme fixés sur une vieille pellicule de film qui défilent en vrac et renvoient à une vérité déformée par le prisme de leur mémoire, partielle et partiale. Les petites injustices du passé bouleversent ainsi sans ménagement des vies et entérinent des malentendus à la vie dure.
D’une naïveté parfois très vieux jeu, l’œuvre, se fait raffinée et touchante en jouant habilement sur les sentiments de nostalgie, d’attachement profond et de tendresse. Portée par une mise en page originale (usage de la couleur, polices atypiques, illustrations minimalistes), elle marque durablement l’esprit du lecteur. Le monde, avec ses petites mesquineries, mais aussi ses bonheurs simples, est appréhendé avec une simplicité désarmante. L’humour bon enfant et l’oralité brillamment retranscrite des dialogues couchent sur le papier la confusion des idées des protagonistes avec grand talent. Un manhwa qui fait sourire et donne de délicieux pincements au cœur.
Océane Brunet
( Mis en ligne le 15/12/2007 )
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