L'actualité du livre
Bande dessinéeet Réaliste  

Le Casse - La Grande Escroquerie
de Fred Duval et Christophe Quet
 13.95 €- 91.37  ffr. / 56 pages
ISBN : 978-2-7560-1734-1
FORMAT : 23x32 cm

Couleurs: Xavier Basset

Queen, drugs and rock’n’roll

Quel peut être le point commun entre les Sex Pistols, la French Connection, la reine Elisabeth et un honnête capitaine de police anglais fan d’Elvis ? C’est en partant de cette équation surréaliste que Frédéric Duval (Travis, Hauteville House, Code Mc Callum…) déroule une intrigue bien tortueuse dans le Londres des années 70 et de la vague punk. Le point de départ, c’est, fort logiquement, un trésor, une cargaison d’héroïne de 360 kg, soient près de 7 millions de £ de poudre blanche… et beaucoup de convoitise. Et l’idée, c’est de profiter du jubilé de la reine Elisabeth II pour faire passer discrètement la cargaison dans le port de Londres. Car dans le Londres d’alors, le vrai scandale, c’est le concert des Sex Pistols sur une péniche, un « coup » monté par Malcolm McLaren et un véritable affront pour les autorités, d’autant que Sid Vicious et sa bande sont persona non grata sur le territoire anglais… un beau bazar en perspective. La police est sur les dents, prête à intervenir contre le groupe et ses fans. Et dans la coulisse, il y a du monde qui s’intéresse à la poudre et au magot. Alors la question à 7 millions de livres : les Sex Pistols joueront-ils God Save The Queen sur la Tamise ? et surtout, qui touchera le gros lot ?

Une belle intrigue, tordue à souhait, avec des policiers douteux, des junkies aux abois, des truands en déroute et des musicos dépassés : le premier charme de cet album est sa fin, très inattendue, et jusqu’au bout, le lecteur ne sait pas ce qui va se passer. Un suspense parfaitement maîtrisé, comme un beau drame classique (unité de temps, de lieu, d’action) dans l’ambiance un rien bordélique d’un Swinging London dépassé par l’heure punk. Impeccablement montée par Frédéric Duval, la mayonnaise a parfaitement pris et l’on retrouve, avec cet album dans la lignée des précédents, une ambiance à mi-chemin de Snatch, L’Arnaque et autre grande manipulation cinématographique (intrigue à tiroir, complot dans le complot…). Un univers bien maîtrisé par Christophe Quet qui retrouve, pour la série, toute l’énergie du trait de Travis, et son réalisme plein de caractère où les personnages ont l’air de ce qu’ils sont, des individus avec des problèmes, des accrocs, des blessures. Mais le vrai héros de l’ouvrage, c’est Londres : bien servi par le beau travail du coloriste Xavier Basset, Christophe Quet va au-delà de la simple intrigue policière et s’amuse à reconstituer avec minutie une ville, une époque et un décor. Ainsi, l’album ne s’adresse pas seulement aux amateurs de thrillers : le côté punk revival séduira les lecteurs en quête d’une intrigue « musicale » et d’une tranche de vie culturelle.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 13/09/2010 )
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