Bande dessinée
Réaliste de Chloé von Arx et Charles Masson
Futuropolis 2011 / 18 €- 117.9 ffr. / 128 pages
ISBN : 978-2-754-80398
FORMAT : 20x28 cm
Les vampées
Léa, célibataire…. Et même très célibataire. Décoratrice, elle passe son temps entre les amis, le boulot et la drague sur internet, une drague désabusée et sans guère d’espoir… Jusqu’à Noé et son message original : « l’Arche de Noé a flashé sur vous ». Noé au profil de beau gosse, à la plume (ou plutôt le clavier) romantique et, en même temps, décidé… un homme, un vrai ? Et si tout cela était effectivement trop beau pour être vrai ? car Noé a bien effectivement une arche avec lui, une arche composée de copains un peu envahissants, un peu inquiétants même… et Noé lui-même est-il un prince charmant suave, ou bien une sorte de maniaque de l’amour et de la vie à deux ?
L’amour par Internet, sujet devenu classique – autour des bonnes et mauvaises rencontres à y faire – est traité de manière assez drôle par Chloé von Arx dans cet album très agréable. On suit avec un plaisir un peu inquiet les péripéties de la vie sentimentale de Léa, confronté à un homme étrange, dont on se demande jusqu’au bout s’il est juste manipulateur, ou mytho, ou fou, ou maladivement amoureux. Le charme de l’album réside en effet dans ce mystère permanent entretenu par Noé que le lecteur, jusqu’au bout, aura du mal à cerner. Face à cette arche, on est, un peu comme Léa, partagé, tel le lapin fixant les phares de la voiture qui se rapproche, hypnotisé. Humour grinçant donc, parfumé au suspense. Côté graphisme, l’album est également séduisant : une belle réussite de Charles Masson, qui sait, avec talent, figurer d’un trait une humeur, une personne : l’attention est portée au langage des corps, aux ambiances. Une mise en image soignée, aussi à l’aise dans les silences et la suggestion que dans le dialogue, qui rend la lecture presque intuitive. Et le tout dans une palette de couleurs réduites, déclinant en sépia un conte moral d’aujourd’hui. Un album réussi, qui laisse – et c’est le charme de son final – le lecteur anxieux de ce qui va suivre. On flashera donc avec plaisir sur cette histoire.
Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 01/03/2011 )
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