L'actualité du livre
Bande dessinéeet Réaliste  

Le Dernier Cosmonaute
de Aurélien Maury
Tanibis 2011 /  17  €- 111.35  ffr. / 93 pages
ISBN : 978-2-84841-016-6
FORMAT : 16,5x23 cm

Tombés du ciel

C’est avant tout une histoire d’ambiance. Des décors de cinéma baignés par des couleurs de crépuscule, des plaines désertiques chauffées par un soleil blanc, une laverie qui éclaire la rue d’une froide lumière, un drive-in fifties, une église désertée… Conscient de l’importance qu’une histoire simple ne suffit pas à faire un bon livre, Aurélien Maury soigne son décorum, ses accessoires et ses costumes. Les figurants eux restent dans les coulisses, Maury n’en n’a pas besoin pour raconter son histoire : la ville restera fantomatique, vidée de ses habitants, laissant le premier plan à ses deux acteurs principaux, Alice et Larry. On traverse ainsi des paysages américains trop clichés pour être vrais, comme faits de carton-pâte : plateau de jeu installé pour deux amoureux qui s’ignorent encore, et lieu d’observation pour lecteur alpagué.

On suit donc cette petite fable, discrète et sincère, mettant en action deux jeunes adultes : lui rêvant encore de voyages dans l’espace et conversant avec son doudou d’enfance ; elle prête ou presque à fonder une famille, se lancer dans la grande aventure. Les deux sont faits pour être ensembles, c’est évident, mais il faudra quelques petites péripéties du quotidien pour que le mélange prenne vraiment, et un final en forme de space opera pour faire passer la pilule du plus que banal, et des responsabilités à prendre.

Le passage à l’âge adulte est symbolisé par des images grosses comme des montagnes : du linge qui tourne dans une machine, un trou noir, une fusée… Aurélien Maury n’a pas peur de se laisser aller à quelques facilités : il croit en ses personnages et en fait un couple mignon et tendre. Sans chercher à rendre son ouvrage plus émouvant et singulier qu’il ne peut l’être, Maury parvient à rendre finalement passionnante cette simple affaire.

Son graphisme, dans la droite lignée d’une certaine école américaine (Seth, Ware…), puisant elle-même dans les origines de la ligne claire, est d’une belle précision. On s’attache à ces lumières de fin du jour, ces nuits étoilées, ces rues sages.

Avec son joli format à l’italienne et sa finition soignée, ce Dernier Cosmonaute est une excellente surprise, un livre précieux qui s’accroche à la mémoire et titille gentiment les émotions.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 28/03/2011 )
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