L'actualité du livre
Bande dessinéeet Réaliste  

Les autres gens (tome 4)
de Thomas Cadène et collectif
Dupuis 2011 /  14.95 €- 97.92  ffr. / 220 pages
ISBN : 978-2-801-5149-6
FORMAT : 20x23 cm

Bedenovela

Le concept des Autres gens est très séduisant : autour d’un pitch simple et plutôt porteur (Mathilde, étudiante en droit, gagne à l’Euro Millions et devient donc une millionnaire dilettante, ses parents, ses amis, ses amants – anciens et récents – continuent de vivre leur vie tout en étant inévitablement concernés par l’évènement), une ribambelle de jeunes et bons auteurs de BD se lance dans un épisode de quelques pages. Les styles changent, les physionomies des personnages sont subtilement déclinées, chacun s’attache à développer un moment de vie, scénarisé par Thomas Cadène : les nombreux (trop ?) personnages y sont explorés dans leurs travers et leur complexité. Leurs amours, leurs amitiés, leurs haines se tissent autour d’une Mathilde évanescente… une expérience de bande dessinée à la Georges Pérec (celui de La Vie mode d’emploi) qui envisage la restitution de la vie, autour d’un groupe appelé à grossir. Bref, le concept de telenovela appliqué au neuvième art. Beau concept… mais est-ce que cela marche ?

C’est le charme des expériences : l’objet est original, le projet est incontestablement séduisant, et le principe, qui fait également penser à Saga, un beau roman de Tonino Benacquista (autour d’une bande d’auteurs un peu décatis qui inventent une telenovela délirante) est plutôt amusant. Chaque album révèle des talents vrais, des styles prometteurs, des auteurs qu’on aimerait revoir. Mais tout cela se fait un peu au détriment de la série elle-même : l’extrême diversité des styles, et les variations de rythmes, l’intérêt plus ou moins grand des épisodes… tout cela fait que la bedenovela connaît les mêmes failles que sa sœur télévisuelle : l’impression que rien ne se passe vraiment, et que de chapitre en chapitre, on tourne gentiment en rond autour du nombril de quelques individus aux existences bien plates. Bref, on finit par lâcher prise, en lisant l’ouvrage comme un ensemble de strips et de vignettes, parfois drôles, parfois longs… un essai original mais qui reste à transformer.

Gilles ferragu
( Mis en ligne le 27/11/2011 )
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