L'actualité du livre
Bande dessinéeet Réaliste  

Hong Kong Love Story
de Mark Hendriks
Vertige Graphic 2004 /  18 €- 117.9  ffr. / 144 pages
ISBN : 2-908981-90-4
FORMAT : 16,5 x 24 cm

Une héroïne est née

Jeune actrice japonaise, Tomoyo se rend à Hong Kong pour le tournage d’une série B, une romance sur fond de film de guerre. Durant cette période loin de chez elle, Tomoyo se cherche, rêve et cauchemarde, rencontre des personnes qu’il ne faudrait pas et perd les autres de vue. Elle fait ainsi la connaissance du séduisant acteur belge Toto dont elle tombe instantanément amoureuse. Mais l’Apollon est gay, et Tomoyo devra aller se consoler dans les bras de Miyako, assistante pas aussi coincée qu’elle en donne l’air…

Avec Hong Kong Love Story, l’auteur néerlandais Mark Hendriks écrivait en 1995 le premier tome des aventures intimes d’une jeune femme moderne et à la forte personnalité. Dans ces planches, Tomoyo promène sa longue silhouette dégingandée et son profil pointu avec un bel aplomb. C’est l’un de ces personnages de papier que l’on peut aimer le temps d’une page et détester aussi vite ensuite. Tomoyo est changeante, mystérieuse, éprise de sensualité, agressive parfois, et en même temps elle continue de virevolter à droite à gauche avec une candeur tout enfantine, et des doutes constants qui la rendent touchante et vulnérable.

On l’aura compris, l’intérêt premier de cette tranche de vie à Hong Kong réside avant tout dans la description de cette héroïne forte et atypique. Hendriks aime son personnage et fait tourner tout l’album autour d’elle. Il prend son temps, multiplie les rencontres, les temps morts. Tout cela au risque de laisser hélas son lecteur sur le bord de la route. Fatigué d’être promené sans trop savoir où cela mène, on pourra en effet rester de marbre devant les frasques érotico-sentimentales et autres rêveries absurdes de la jeune femme.

C’est que la lecture de cet album reste exigeante et souvent déroutante. Dans un souci de laisser aller ses personnages de la façon la plus libre qui soit, Hendriks ne s’attarde pas sur les motivations ou le sens de chaque action et laisse délibérément flous quelques événements. Et le dessin mis en œuvre ici n’est pas fait pour arrondir des angles décidément bien pointus. Le dessinateur joue de la fébrilité avec un trait filiforme, sec et peu chaleureux même s’il reste toujours très expressif.

Un album inégal, qui donne l’impression de se chercher, mais qui a le mérite de faire exister ses personnages avec une sincère conviction.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 07/08/2004 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024



www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)