L'actualité du livre
Bande dessinéeet Réaliste  

La Dernière Cigarette
de Alex Nikolavitch et Marc Botta
Vertige Graphic 2004 /  11 €- 72.05  ffr. / 48 pages
ISBN : 2-908981-95-5
FORMAT : 16,5 x 24 cm

Co-édition Vertige Graphic / La Cafetière

Brève rencontre

C’est l’histoire d’une rencontre qui aurait rapidement pu mal tourner mais qui finalement marquera une vie. Novembre 1943, sur les hauteurs de Kiev, Wehrmacht et Armée Rouge s’affrontent. Sous les bombardements intensifs et séparé de ses hommes, le commissaire politique Tchektariov dont c’est le premier champ de bataille, doit se trouver un abri au plus vite. Après une course paniquée, il atterrit dans une cave mal éclairée. Mais un officier allemand, Dorscheid, l’a précédé, lui aussi à la recherche d’un lieu propice à sa survie. Et au lieu de s’entretuer, les deux hommes vont partager une cigarette et un moment. Quelques années plus tard, le colonel Dorscheid est exécuté pour crime de guerre ; Tchektariov n’est pas loin et se souvient…

Alex Nikolavitch a écrit avec La Dernière Cigarette un beau scénario, partant d’une idée simple mais toujours efficace ; le rapprochement de deux ennemis en temps de guerre. La principale qualité de cette histoire tient dans sa proposition principale : une brève rencontre qui n’excède pas vingt minutes va marquer à jamais la vie des protagonistes. Nikolavitch profite de cette situation pour composer quelques dialogues sobres et efficaces sur l’absurdité des guerres et la folie des hommes.

Pour mettre en scène ce récit, Marc Botta élabore deux palettes à partir des différentes périodes narratives. Le présent est traité dans des teintes ocres et jaunes posées sur de rapides esquisses au crayon. Les flash-back se déroulent sous d’épais gris ; ciel poussiéreux et averses incessantes font le triste décor de cette guerre. Graphiquement réussi et innovant, on aurait aimé toutefois un peu plus de relief, l’ensemble de l’album baignant dans un même brouillard dense et pâteux. La mise au point sur les visages n’est pas toujours aisée, on perd en émotion, et certaines vues sont difficiles à déchiffrer.

S’apparentant à une courte nouvelle, l’intrigue est toutefois rapidement menée, ne laissant pas forcément le temps à tous les éléments de s’installer réellement. L’album se finit hélas rapidement, laissant à son lecteur un amer sentiment de frustration, comme s’il avait sous les yeux le résumé d’une œuvre plus importante ; une œuvre que l’on espère quelque part en devenir.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 15/01/2005 )
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