L'actualité du livre
Bande dessinéeet Réaliste  

Mon nom n'est pas Wilson, tome 1 - Pâleur mortelle
de Walter Fahrer et Carlos Trillo
Casterman 2000 /  8.55 €- 56  ffr. / 46 pages
ISBN : 2-203-35641-3

Même les paranoïaques ont des ennemis !

Un ancien agent secret du temps de la Guerre Froide, complètement ravagé par la paranoïa, reprend du service. Tel est le point de départ de cette nouvelle série, où Wilson est ce paranoïaque hanté par la mort par torture de sa compagne Véra, un agent double qu'il a lui-même dénoncé. On y trouve aussi Schultz, la belle psychiatre allemande qui aide Wilson à se survivre et qui semble doucement en être tombée amoureuse. Et enfin Materson, le mystérieux homme de l'ombre qui a su conserver son pouvoir en dépit de la chute du Mur.

Dans Pâleur mortelle, Materson envoie Wilson à l'un de ses amis, l'influent avocatto Manzi, un homme aussi puissant que discret qui craint que sa jeune épouse, Linnéa, ne le trompe. Wilson se retrouve dans une luxueuse villa au milieu de personnages troubles, perdu dans une intrigue qu'il doit résoudre.

Si la trame de fond est somme toute assez conventionnelle, l'album prend toute sa saveur en nous faisant vivre la paranoïa de Wilson de l'intérieur. Alors, comme Wilson, nous voyons évoluer dans la réalité les fantasmes de sa culpabilité : trois vieillards hideux et armés qui le poursuivent pour venger la mort de Véra et qui le retrouvent toujours en se jouant de ses ruses pitoyables et en se délectant de cette traque qu'ils font durer pour le plaisir. Et quand Wilson s'endort nous partageons ses horribles cauchemars où le corps mutilé de Véra le regarde par ses orbites sanguinolentes.

Mais la force de Wilson réside en sa paranoïa qui le pousse à chercher la face cachée de chacun de ses interlocuteurs. Et dans le castel Gandalfo de Manzi, tous les personnages jouent un rôle d'hypocrite où chacun semble poursuivre ses propres intérêts. Alors à la paranoïa si bien rendue vient s'ajouter le climat délétère d'une villa étouffante.

Plus que l'intrigue c'est donc la complexité du héros qui fait tout l'intérêt du scénario. Le dessin réaliste pourrait peut-être être plus affiné mais il est percutant à défaut d'être esthétique. Et si les auteurs arrivent à maintenir ce climat tendu de paranoïa il se pourrait que cette série nous réserve encore quelques beaux morceaux de choix.

Loïc Simon
( Mis en ligne le 20/06/2001 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)