Bande dessinée
Réaliste de Frank Giroud , Milan Jovanovic et Marianne Duvivier
Dupuis - Empreinte(s) 2006 / 13 €- 85.15 ffr. / 64 pages
FORMAT : 24 x 32 cm
Premiers dénouements
Vous le savez sans doute déjà, fidèles lecteurs de Parutions, les Secrets de Frank Giroud se tissent sur la toile familiale (quelle famille n’a pas son cadavre dans un placard ?), et toujours sur fond d’Histoire. Les héros du scénariste partent ainsi, à la suite d’un événement déclencheur, à la recherche de leur passé familial, largement occulté, pour le meilleur (la vérité éclate et les libère d’un poids obscur) et pour le pire (l’opération fait souvent des dégâts collatéraux !).
Les deux premières histoires de la collection Secrets livrent aujourd’hui leur dénouement. Une troisième histoire en deux tomes est en cours (« L’Ecorché », un tome paru en mai) tandis qu’on attend encore « Samsara », un diptyque dont le premier volet sortira au printemps. Avec « Le Serpent sous la glace », Valentin Kozlov, jeune traducteur français, part en Russie dans le but de découvrir qui était vraiment son père. Il lui découvre un passé insoupçonné, une autre identité, et se retrouve traqué par la mafia. Le véritable nom de son père, Dimitri Yakovlev, semble encore provoquer de terribles remous. La recherche personnelle se mue bientôt en thriller politique. Le scénario est plutôt bien ficelé et nous tient en haleine jusqu’au bout. Même si l’on peut lui reprocher certaines incohérences (le jeune héros est bien téméraire et parvient à se sortir de situations inextricables, tandis que les méchants mafieux se font parfois avoir comme des bleus), il nous offre un agréable moment de lecture, que le dessin de Milan Jovanonic ne gâche pas.
Marianne Duvivier est quant à elle moins convaincante dans le second tome de « L’Echarde ». Les visages sont très lourds, les traits répétitifs et souvent disgracieux. On peine alors à se laisser porter par cette sombre histoire de trahison qui va faire éclater une famille soudain confrontée à ses démons, qui surgissent tout droit de l’Occupation.
Tout l’intérêt de la collection Secrets est dans le suspense et la curiosité que font naître ces quêtes individuelles, et dans la plongée historique qu’elles occasionnent. A ce titre, le pari de Giroud est réussi. Même si dans les à-côté – la psychologie des personnages, les ressorts narratifs, les dialogues… –, le scénariste n’échappe pas à certaines facilités qui font que l’on referme ces albums non pas déçu, mais presque certain de ne pas y revenir de si tôt.
Anne Bleuzen
( Mis en ligne le 12/12/2006 )
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