Bande dessinée
Comics de Jerry Frissen , Bill et Gobi
Les Humanoïdes associés 2008 / 7.90 €- 51.75 ffr. / 56 pages
ISBN : 978-2-7316-1970-6
FORMAT : 18,5 x 27,5 cm
Amen
Déjà le neuvième numéro de Lucha Libre. La série suit tranquillement son cours, petit ovni au milieu de la production francophone habituelle. Tant pour son format plutôt inédit de comics à la française, que dans son univers déjanté, développant une mythologie toute particulière (des héros fans de catch…) et affichant un certaine sympathie pour le politiquement peu correct.
Au sommaire de ce numéro, on retrouve les courtes séries habituelles : Los Luchadoritos avec un Melindez hélas un peu moins en forme que d’habitude, héros de gags franchement moyens. Et le Profesor Furia qui de son côté est toujours prompt à dégainer sa beaufitude légendaire, relevant le défi d’être toujours plus scato-lourdaud d’un numéro sur l’autre.
Chez les Luchadores Five, réponse à l’angoissant teaser du précédent numéro : El Gladiator est-il mort ??! Au pays des Beach Boys et des Créatures du Lac de Cuir Noir, il s’agit de la jouer fine pour les Luchadores Five moins un : Diablo Loco manque toujours à l’appel, enlevé et retenu prisonnier au fond de l’océan… Et en attendant l’orage, nos héros se livrent à quelques réflexions métaphysiques sous le ciel étoilé : « C’est grand l’univers / Je me demande s’il y a des catcheurs sur d’autres planètes ? ». Que du bonheur.
Tequila, quant à lui, l’ami des cactus, est toujours à la recherche de sa bien-aimée Cheryl enlevée par on ne sait qui, on ne sait trop pourquoi. Ici c’est inspiration Tarantino branche Rodriguez : les pages de Gobi sont mouchetées de sang terne ; ça poisse, ça coule, ça pique les yeux. Et les vieux patriotes américains fusils au poing sont toujours aussi hilarants.
Mais la plus improbable histoire du moment est vécue par les Tikitis. Voilà une partie de l’équipe emportée sur une île lointaine, chez Zeus ! et aux prises avec une armée de soldats grecs. Pendant ce temps, sur l’île des Tikitis, Cerebrex et King Catch se flinguent contre une armée de sirènes en furie… des sirènes qui sont loin d’avoir la belle allure vendue dans les livres de mythologie ; elles sont ici ventripotentes, vulgaires et moches, de vraies tornades qui chantent certes, comme les vraies, ou plutôt qui braillent des chants paillards à faire rougir les plus audacieux ! Toute la douce folie de Jerry Frissen est contenue dans ces pages : vannes débiles, inspirations contradictoires et déjantées, mélange des cultures et castagne musclée…voilà la Lucha Libre sauce cocktail à son meilleur niveau ! Les fans apprécieront, les autres observeront médusés, ne réalisant pas qu’ils passent là à côté d’une heure de bonne rigolade.
Bref, encore un joli lot, proposant d’ailleurs de la couverture la plus réussie depuis le début de la série. Amen.
Alexis Laballery
( Mis en ligne le 12/11/2008 )
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