Bande dessinée
Comics de Jonathan Hickman et Nick Pitarra
Delcourt - Contrebande 2013 / 14.95 €- 97.92 ffr. / 144 pages
ISBN : 978-2-7560-3520-8
FORMAT : 17,3x26,4 cm
Oups !
Histoire, cours de terminale : le projet Manhattan, Los Alamos, Einstein, Oppenheimer, la bombe atomique, Roosevelt, etc. Tout cela est connu, jusqu’aux regrets constants des pères de la bombe, qui ont bien conscience d’avoir ouvert une ère nouvelle et menaçante. Oui, mais si tout cela était en fait du vent, si Einstein n’était pas le génie que l’on connaît mais un visiteur venu d’une autre dimension, si Oppenheimer était un cannibale schizophrène, et Werner von Braun (le père des V2 et de la conquête spatiale) un nazi fanatique, si l’Amérique, loin de s’occuper de la seule énergie atomique, avait déjà mis au point des ponts dimensionnels et était entrée en contact avec des extra-terrestres (du genre belliqueux)… Bref, et si quelque chose avait salement dérapé dans le projet Manhattan, et que l’avenir du monde, de l’univers même, se retrouve entre les mains d’une bande de psychopathes (et d’un savant honnête, Feynman) ?
Rien de plus délirant que l’histoire revisitée par les comics : même le bon Einstein et son humanisme désabusé en prennent pour leur grade dans cet album joyeusement déjanté. Un peu d’uchronie, de la SF, du fantastique, des extra-terrestres, des inventions improbables, des robots, des ninjas, des montres, des diables, etc. Le concept est efficace et l’intrigue imaginée par Jonathan Hickman (Red Wing) s’avère prometteuse, ouvrant la porte à de multiples histoires à partir de quelques personnages tous plus étranges et fous les uns que les autres. Et le charme de l’album réside aussi dans un graphisme qui joue à parodier le réalisme, le brutalise à coup de couleurs primaires, afin d’illustrer la pensée schizophrène d’Oppenheimer, ou encore le monde singulier d’Einstein. Bref, une série prometteuse, gentiment provocatrice, qui rappelle, par ce ton décalé et cynique, The Authority, et à laquelle il faut souhaiter le même succès. A suivre.
Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 01/04/2013 )
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