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Bande dessinéeet Comics  

Lobster Johnson (tome 1) - Le Prométhée de fer
de Mike Mignola et Jason Armstrong
Delcourt - Contrebande 2013 /  15.50 €- 101.53  ffr. / 160 pages
ISBN : 978-2-7560-3969-5
FORMAT : 17,3x16,4 cm

Couleurs: Dave Stewart

Homard à l’américaine

Delcourt continue son travail de traduction et de publication des œuvres de la sphère Mignola. A côté de Hellboy, son personnage fétiche et référence indétrônable du comics, l’auteur américain a en effet développé d’autres projets parallèles comme B.P.R.D., autre série culte, Abe Sapien et ce récent (2008) Lobster Johnson donc. Ce personnage de justicier mystérieux a fait une apparition dans un épisode emblématique de Hellboy, Le Ver Conquérant, puis a été le héros de quelques courts récits avant de prétendre à devenir héros de sa propre série.
Ce Lobster Johnson est un héros masqué aux méthodes parfois expéditives, sorte de Shadow, Spirit et Batman réunis ; coiffé d’une cagoule en cuir et de grosses lunettes, il marque de son sigle à la pince ses malheureuses victimes. Œuvrant à la fin des années 30, c’est un héros totalement inspiré de la littérature pulp et des premiers comics. Ses ennemis sont en priorité les nazis et les gangsters qui fragilisent le monde libre. C’est cet esprit rétro – comme dans les aventures du Rocketeer également traduites par Delcourt, ou dans les planches de The Escapist – qui tient le fil de ce premier volume avec quelques encarts amusants sur la véritable histoire du homard : Mignola imagine les premiers pas de son héros, ses aventures radiophoniques, ses comics, ses adaptations façon Lucha Libre… Les frontières entre comics, légende et réalité sont mêmes volontairement brouillées lorsque l’existence du héros est remise en question, certains ne voyant en lui qu’un héros imaginaire.

Quant au récit proprement dit, ce « Prométhée de fer », c’est une histoire qui tient toutes ses promesses : il y a là aussi une inspiration très pulp, avec ses gros monstres (des singes sanguinaires), ses gros flingues, et ses inventions scientifiques qui tournent mal. L’ensemble est très dynamique, un peu fouillis parfois, mais les amateurs d’action seront servis. Le côté cartoon du dessin de Jason Armstrong est bien servi et colle évidemment mieux au côté serial feuilletonesque de l’ensemble que le dessin plus sombre de Mignola.

On note également, comme toujours chez Mignola, un attrait pour le fantastique poétique, lorsque toutes les barrières du rationnel disparaissent et que le champ libre est laissé au rêve et à ses douces incohérences: visions d’entre les morts, paysages flous et cotonneux sont ainsi au programme. On sort du pulp basique pour aller vers autre chose, avec une profondeur scénaristique supplémentaire, lorsque les contes et légendes d’autrefois font irruption dans un univers que l’on croyait balisé.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 23/06/2013 )
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