Bande dessinée
Comics de Mike Mignola et Guy Davis
Delcourt - Contrebande 2006 / 12.90 €- 84.5 ffr. / 140 pages
ISBN : 2-7560-0061-2
FORMAT : 18 x 27 cm
X-Files
Avec ce troisième recueil de B.P.R.D., Delcourt regroupe en un seul volume les cinq comics parus initialement aux États-Unis de mars à juillet 2004. Au programme, une histoire complète, écrite par Mike Mignola en personne et dessinée par le talentueux Guy Davis (Le Marquis, Les Zombies qui ont mangé le monde).
Le B.P.R.D., c’est le Bureau de Recherche et de Défense sur le Paranormal, basé dans le Connecticut et créé pendant la Seconde Guerre Mondiale pour surveiller et contrer les expériences occultes des nazis. La future tête de file charismatique du groupe, Hellboy, naît lors de l’une de ces nuits agitées où démons, sorciers et soldats du Reich mirent en commun leurs savoirs. Après plusieurs aventures qui ont fait date, Hellboy quitte le Bureau (et Mignola lui concocte une série à part) mais laisse derrière lui une équipe de professionnels habitués à côtoyer puissances maléfiques et autres entités démoniaques. Il y a d’abord Johann Kraus, le medium au physique d’ectoplasme, Liz Sherman, la pyrotechnicienne sans artifice, Roger, le colosse né d’herbes et de sang, et enfin Abe Sapien, mi-homme mi-poisson, au passé flou.
Jamais sur la brèche, le B.P.R.D. est cette fois confronté à une menace destructrice et qui semble incontrôlable : un champignon végétal récolté sur les ruines d’un ancien drame auquel fut confronté Hellboy dans Les Germes de la destruction connaît une croissance démesurée, et après l’attentat d’un déséquilibré, le végétal pénètre les corps de tout ceux qui l’approchent. La réaction en chaîne ne se fait pas attendre : les humains infectés se transforment en de redoutables créatures batraciennes sorties des cauchemars d’un Lovecraft, les grenouilles pleuvent et les morts se réveillent et sortent de terre… Pour l’équipe de super agents secrets, il va falloir remonter à la source, quelque part dans une ville désertée du Michigan.
Mike Mignola ne fait pas dans la dentelle mais il le fait bien. Pré-générique explosif, montage alterné, séquences de bataille musclée et moments de suspense intense. L’auteur a du métier et sait tenir son lecteur en haleine avec tout un arsenal de tours de passe-passe parfois usés mais tellement bien exécutés ! Action et horreur se mêlent parfaitement et les clichés du genre sont toujours impeccablement intégrés à l’univers de Mignola, sans fausse pudeur, s’imbriquant de façon inédite avec des influences que l’on n’aurait pas soupçonnées. Ici, c’est le western avec une ville fantôme, ou même Jules Verne lors d’un long épilogue particulièrement réussi retraçant les origines peu communes d’Abe Sapien.
Au crayon, Guy Davis sert parfaitement toute l’énergie des mots, et insuffle à chaque page le dynamisme et l’intensité nécessaires pour accompagner le scénario mouvementé de Mignola. Et même s’il n’a pas une patte graphique aussi originale que celle du père de Hellboy, le dessinateur s’approprie sans complexe tous les personnages de la série. Son style sans minauderie va à l’essentiel, et son sens du dessin lui permet d’installer une ambiance réellement captivante en quelques vignettes. Au final, « Le Fléau des grenouilles » se déguste comme une série B génialement ficelée, sans temps mort et remplie de scènes épatantes. Du travail de pros !
Alexis Laballery
( Mis en ligne le 01/03/2006 )
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