Bande dessinée
Comics de Jeff Smith
Delcourt - Contrebande 2007 / 14.95 €- 97.92 ffr. / 192 pages
ISBN : 978-2-7560-0661-1
FORMAT : 18x27 cm
Entre deux
Après la course de vaches endiablée du précédent volume, il est maintenant temps de reprendre son souffle et de ralentir la cadence. Ce troisième volume des aventures (en couleurs) de Fone Bone est comme placé sur un tempo plus soutenu, une petite parenthèse avant de reprendre la route vers d’incertaines contrées. Ainsi, tandis que les cousins de Fone Bone suivent le tavernier Lucius pour aller de nouveau travailler au Barrelhaven, Bone, Mamie et Thorn restent à la ferme, réparant les dégâts causés suite à l’attaque des rats-garous. L’épisode, plus tranquille, n’en reste pas moins passionnant d’autant que des révélations fracassantes ont enfin lieu et que l’on en apprend un peu plus sur les étranges rêves récurrents de Thorn : inutile de dire que la suite des aventures de Bone, pour ceux qui ne les découvrent qu’aujourd’hui, ne sont pas encore sur le point de s’arrêter et de grands moments restent à venir…
Il est peut-être inutile de réécrire combien Bone a tout de la grande série. Et pourtant, chaque relecture donne à voir combien le talent de Jeff Smith est grand et pousse immédiatement à proclamer son enthousiasme. Il y a d’abord un trait, rond et plein, précis et expressif. Et puis un univers mélangeant littérature enfantine, humour et fantastique à la Tolkien. Et surtout, il y a une belle décontraction pour raconter en cases son histoire : Smith aime la bande dessinée, son langage, ses répétitions et ses rythmes. Qu’il utilise le même cadrage sur trois planches d’affilée lors d’une scène de conversation, qu’il décompose un mouvement sur quatre vignettes ou qu’il fige, tel un adroit photographe, un éclair dans la nuit noire, l’auteur américain procure avec les plus simples moyens offerts à sa disposition par la bande dessinée de savoureuses séquences. Le résultat est une bande dessinée qui parvient à distraire avec intelligence et une constante invention. Et précisons une fois encore que cette version en couleurs, loin de dénaturer l’originale, apporte comme un nouvel et bel éclairage à ces lieux et personnages qu’on pensait bien connaître.
Alexis Laballery
( Mis en ligne le 20/09/2007 )
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