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Hellboy (tome 8) - Trolls et sorcières
de Mike Mignola
Delcourt - Contrebande 2008 /  14.95 €- 97.92  ffr. / 160 pages
ISBN : 978-2-7560-1305-3
FORMAT : 17,3x26,4 cm

Surnaturel Globe Trotter

Jusqu’où se niche le paranormal… De la forêt malaisienne aux plaines du Serengeti en passant par Prague, Londres, l’Alaska et la Norvège, Hellboy n’en finit pas de traquer les démons et les déments, les monstres mythologiques réincarnés, les Grands Anciens rajeunis et autres abominations suspectes issues de quelques cultes pas très orthodoxes.
Après le très ésotérique et plutôt étonnant Troisième Souhait, ce recueil revient donc aux basiques : de courtes histoires mettant en scène Hellboy face à des puissances toujours plus insolites et étonnantes. On remarquera une fois de plus le goût de Mignola pour les contes et légendes traditionnels, piochant dans différents folklores lointains la trame de ses histoires. Hellboy devient même dans le dernier récit l’incarnation figurée d’une divinité africaine, comme un sacre, une décoration que l’on ferait à ce personnage désormais incontournable du comics book. Mignola a compris depuis longtemps que le genre n’est pas né avec Superman ou Tales from the Crypt, et son regard porté vers d’autres cultures, d’autres croyances donne à la série une sorte d’universalité roublarde mais remarquable, terreau idéal pour des rencontres incongrues et des rapprochements facétieux. Petite fille à tête de vache, géants qui rapetissent lorsqu’on leur tape sur la tête, créature qui s’auto-décapite… autant d’éléments que Mignola a trouvé au gré de ses lectures qui viennent enrichir l’univers d’Hellboy. Et lorsque l’auteur revient à des trames plus classiques, il brode en deux temps trois planches des petits bijoux de fantastique gothique comme « L’Expérience du Docteur Carp » qui forcément tourne mal, ou « La Goule » qui flirte avec Shakespeare…

Par deux fois, Mignola laisse son crayon à un autre : P. Craig Russell, qui s’était déjà emparé du personnage dans le second tome des Histoires bizarres, s’en sort avec une drôle de légèreté, pas désagréable, mais pas impérissable non plus. Quant à la rencontre avec Richard Corben, elle est enlevée et colorée, même si l’on ne peut s’empêcher de trouver le trait de Corben toujours un peu lourdaud par moments… Mignola lui continue d’affûter son dessin, cherchant comme tous les grands artistes à le réduire à l’essentiel, traquant la simple et juste évidence, à l’image de ses intrigues carrées et sans détours. Les lignes s’effilent, les formes se géométrisent toujours plus, s’imbriquant les unes dans les autres avec un mélange de force et d’élégance toujours efficace. Les aplats de couleurs marqués finissent de rehausser avec vigueur le noir et blanc tranché du dessinateur.

Sept récits, écrits entre 2003 et 2007, composent donc ce recueil, réplique traduite de l’album The Troll Witch and Others paru chez Dark Horse en 2007. Une belle pièce à rajouter sur ses étagères.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 02/06/2008 )
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