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Wormwood (tome 1) - Gentleman Zombie
de Ben Templesmith
Delcourt - Contrebande 2008 /  14.95 €- 97.92  ffr. / 128 pages
ISBN : 978-2-7560-1404-3
FORMAT : 16,7x25,7 cm

Le ver est dans le fruit pourri

Après Hellboy et The Goon, la collection Contrebande de Delcourt vient de dénicher un nouveau héros franchement barré et aussi peu catholique que les précédents. Wormwood c’est d’abord un petit asticot avec une vingtaine de petits yeux. Une petite larve blanche moche et a priori insignifiante qui autrefois guinchait avec le Marquis de Sade, capable de s’emparer de corps humains – morts de préférence - pour en faire un réceptacle ayant une meilleure présentation. Wormwood est aussi capable de brouiller les esprits et connaît quelques autres sortilèges peu communs. Magie noire devenue monnaie courante dans ce monde peu folichon, putride et en pleine décomposition. Accompagné de Monsieur Pendule, un robot barbu taciturne et peu commode, de Phébée, jeune garçonne prompte à la gâchette, de Trotsky flic trépassé, et de Médusa, une strip-teaseuse, Wormwood traîne ses guêtres dans les bars et écluse les bières. Mais le danger, même s’il vient d’une autre dimension, est au coin de la rue. Voilà la petite troupe de super-anti-héros aux prises avec des grossesses nerveuses (ou des créatures façon Alien vs. Predator sortent de ventres gonflés à bloc), et d’autres monstruosités à tentacule et furoncles hideux et baveux.

Dialogues fleuris («(…) la nécrophilie, quand on y a goûté, dur d’y renoncer. »), passages gores cradingues et retournements de situation je m’en foutiste (cf. le final de cette histoire), Wormwood joue gentiment la provocation délirante et l’esprit caustique bien serré, et fait passer Hellboy pour un enfant de chœur. À l’aune de ce ton tordu et jouissivement malsain, le dessin de Templesmith trouve ici une nouvelle incarnation, s’inscrivant dans la suite logique de son travail, les textures prenant peu à peu le pas sur les corps et les lignes. Le trait, épais et nerveux, est posé sur des couches de couleurs torturées, griffées, tachées. Le plus souvent, les teintes sont en dégradés de jaunes et de verts, moisies et vieillies : du grand guignol psychédélique. Les silhouettes, comme transparentes sur ces aplats âprement texturés se détachent ainsi avec une drôle de force. Il y a là comme un goût d’inachevé, de laissé en plan, mais qui colle finalement parfaitement à l’ambiance générale où la déliquescence (des organismes, du scénario, des décors…) et le laisser-aller semble être de mise. On adore cette façon de ne pas se prendre au sérieux et d’aligner les planches explosives et peu politiquement correctes avec la classe du cancre. Wormwood ou l’horreur nonchalante.

Ce premier recueil regroupe les quatre premiers numéros de la série éditée aux USA chez IDW Publishing. Et comme d’habitude, Delcourt reprend en fin de l’ouvrage les couvertures originales de ces différents comics.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 22/09/2008 )
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