L'actualité du livre
Bande dessinéeet Fantastique  

Loudun
de Hervé Rusig , Davide Furno et Paolo Armitano
Soleil - Hanté 2008 /  12.90 €- 84.5  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2302-003804
FORMAT : 23,4x32,3 cm

Possédés

Loudun, 1634… on brûle un abominable sorcier, qui aurait invoqué le diable, séduit des nonnes et envoyé Astaroth en personne possèder une sainte femme… Urbain Grandier restera dans les mémoires comme la victime expiatoire d’une chasse aux sorcières délirante, et l’illustration que la religion d’amour et de paix a encore du travail avec ses serviteurs. Tout commence dans un couvent, avec une épidémie de possessions diaboliques. Face à cela, le chanoine Mignon choisit la manière forte et enquête : de scènes de possessions dignes de L’Exorciste, en combats contre le malin sous toutes ses formes, le prêtre se dirige peu à peu vers une conclusion effroyable : le sorcier serait un prêtre, et apprécié qui plus est, mais un prêtre lubrique, libertin… Heureusement, l’Inquisition a préservé certaines valeurs…

La collection Hanté, piloté par Christophe Bec (Sanctuaire, Carthago et – plus dans ce style, Pandemonium) revendique une approche originale : partir non d’un personnage ou d’un épisode, mais d’un lieu hanté – généralement présenté en fin de volume dans un cahier –, pour revenir aux sources de ce phénomène. Les premiers titres furent assez réussis ( notamment Hanté et Mortemer, un vrai bonheur de lecture et d’intrigues) et donc le public devient difficile. Aussi est-ce une petite déception que ce Loudun, pourtant prometteur : le climat trop sombre, ne convainc pas et le scénario de Hervé Rusig, sans entrer véritablement dans le fantastique, mais en se limitant au récit historique agrémenté de visions stéréotypées (L’Exorciste et son folklore satanique et sexuel un peu facile), n’exploite vraiment ni les lieux (c’est pourtant le cahier des charges de la collection), ni le mystère qui était à développer plutôt qu’à simplement mettre en image. Certes, le graphisme de Davide Furno et Paolo Armitano est réaliste et habile, efficace… mais le parti pris dans le choix des couleurs gâche tout (les pages sont monochromes, rouges ou noires… c’est un style qui convient à quelques moments dramatiques, mais qui, sur 48 pages, lasse). Là où l’on attendait une intrigue et un mystère, on a un article d’Historia en version dessinée, avec quelques détails un peu croustillants… Un récit plat, platement mis en image… Petit cru que ce Loudun.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 15/12/2008 )
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