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Bande dessinéeet Fantastique  

Corpus Hermeticum (tome 4) - Le Souffle du Wendigo
de Mathieu Missoffe et Charlie Adlard
Soleil 2009 /  12.90 €- 84.5  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2302004825
FORMAT : 23,4x32,3 cm

Wendigicide

1917, les tranchées, la guerre, les obus… à priori, on n’a rien trouvé de mieux pour tuer en masse, aveuglément et en toute conscience… Et dans cet enfer, une section d’infanterie tente de survivre dans son face-à-face meurtrier avec l’ennemi d’en face : la routine du front… Mais là, quelque part, dans les tranchées, quelque chose tue de manière infiniment plus sauvage que la guerre, aveuglément, passant d’une tranchée à l’autre, à vous dégoûter de la guerre. Une menace telle qu’Allemands et Français décident une trêve, le temps d’éclaircir le mystère et de traquer la bête qui s’attaque aux sentinelles isolées. 6 soldats sont chargés de mener cette enquête, 3 de chaque camp… et parmi eux, Wohati, un indien discret manifestement plus au courant que d’autres. Car la créature appartient aux mythes indiens, un mythe devenu réalité, qui transforme le front, et ses victimes, en un décor apocalyptique pour un affrontement terrifiant. Chargé de la justice des siens, Wohati traque un Wendigo… Mais que peuvent de simples soldats contre un monstre légendaire et immortel, cannibale et manipulateur ?

Et l’on retrouve, au scénario, Mathieu Missoffe, dont la première collaboration au Corpus Hermeticum, « Les Larmes du désert », avait donné lieu à un beau récit de fantastique oriental en pleine guerre mondiale… un récit un peu terni par un graphisme médiocre. Avec cet album, l’impression est cette fois celle d’un carton plein : au scénario taillé au cordeau de Missoffe répond le graphisme sombre et fiévreux de Charlie Adlard, qui trouve parfois des accents très Mignolesque, maniant les ombres avec délectation. Venu du monde des comics, déjà remarqué pour l’excellent Walking Dead, Charlie Adlard fait la démonstration d’une réelle aisance dans le fantastique et d’une attirance manifeste pour la bande dessinée d’angoisse, et de qualité. Un village zombifié, une créature décharnée tout droit sortie d’Hellraiser, un château hanté… Adlard transforme les coteaux paisibles de Lorraine en un décor d’épouvante, un équivalent BD du Village des damnés. Les références sont nombreuses et habiles, et une fois la lecture achevée (et le frisson passé), la relecture s’impose, pour traquer le détail. Un volume remarquable pour une série qui décidément, s’impose par sa qualité dans le cercle – trop restreint – de la bande dessinée d’horreur.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 02/03/2009 )
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