L'actualité du livre
Bande dessinéeet Fantastique  

Rocher rouge
de Éric Borg et Michaël Sanlaville
Casterman - KSTR 2009 /  16 €- 104.8  ffr. / 120 pages
ISBN : 9-782203-016965
FORMAT : 19,1x27,8 cm

Slasher BD

La couverture parle d’elle-même : sous un ciel orangé parsemé de quelques mouettes, un cops déambule en premier plan, décapité, un gourdin dans la main… Ami de la douceur et de la poésie, passez votre chemin. Rocher rouge aurait pu être l’adaptation BD du Lagon bleu, mais c’était compter sans le Maboukou.

Car dans la famille des sales bêtes et autres légendes folkloriques, le Maboukou se pose là : une bestiole tapie dans l’île depuis des siècles, qui guette l’imprudent venu s’y échouer pour lui cueillir gentiment la tête et siroter sa cervelle de préférence fraîche. Bon, en même temps, ce genre d’histoire, ça fait peur aux touristes parasites, et ça écarte les curieux… l’idéal pour un petit paradis tropical. C’est en tous les cas le pari d’une bande de copains, arrivé sur la plage de Rocher Rouge et bien décidés à passer du bon temps… Oui, mais, un masque qui traîne, un enfant qui disparaît, un singe géant aux yeux froids entrevus dans la jungle… tout à coup, ça sent le Maboukou, et face au tueur en fourrure, le combat ou la fuite, c’est du pareil au même. Bienvenue dans une version gore de La Plage, ou encore dans la première bande dessinée façon slasher movie…

Et en plus, c’est drôlement bien, avec tous les stéréotypes du genre (les héros se séparent, ou se cachent dans une tente…, les habituelles phrases du genre « cette caverne a l’air glauque, entrons… », la jeune fille fuyant en bikini dans la jungle et le coup de machette vicieux.). Au scénario, Eric Borg connaît ses classiques sur le bout des ongles et fait gentiment monter la tension jusqu’à la révélation finale (et pour casser d’emblée un suspense, non, ce n’est pas un remake des Dix petits nègres). Servi par le graphisme habile de Michael Sanlaville, qui a su immédiatement jouer du paysage paradisiaque (mer bleue, cocotiers, jungle luxuriante) qui contraste avec la descente dans une horreur bien glauque (on décapite, on énuclée…). L’album se tient jusqu’au bout et remplit parfaitement sa mission. Voilà un ovni bienvenu pour les fans de gore et de thriller malsain.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 11/05/2009 )
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