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Bande dessinéeet Fantastique  

Les Démons des Carpathes (tome 1) - Le Testament du comte Brasov
de Philippe Chanoinat et Frédéric Marniquet
Delcourt - Machination 2009 /  12.90 €- 84.5  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2-7560-1800-3
FORMAT : 24x32 cm

Encore un savant fou

Le savant fou, espèce récurrente de la littérature et du cinéma fantastique : dans la galerie des dangereux, voici le comte Brasov, châtelain des Carpathes (et déjà, c’est louche !), inventeur d’une machine qui photographie les créations de l’esprit, et accessoirement, les matérialise. Et quand le père de Dracula ou celui du Monde perdu sont les victimes de ce manipulateur, cela donne un résultat… terrifiant. Toutefois, le comte Brasov est finalement mort, et a légué son domaine, bien isolé, à l’un de ses plus grands détracteurs, Sir Mulligan, auteur à succès d’un roman qui donne à un « dévoreur d’âme » les traits du dit comte Brasov… Coïncidence ? ou plutôt plan machiavélique ? Que compte faire Brasov ? Quelle vengeance posthume poursuit-il ? et surtout : est-il bien mort ? Pour résoudre ces mystères, Mulligan, accompagné d’un détective écossais, Mc Kinlay, va braver les dangers du castel Brasov, perdu en plein cœur de la Transylvanie…

Rarement on aura croisé autant d’hommages – un rien parodiques – dans un récit : hommages dans l’intrigue à tous les grands maîtres du fantastique (Bram Stoker, H. G. Wells, Lovecraft, Poe, Robert E. Howard…), hommages à leurs « créatures », hommages enfin dans le style à Edgar P. Jacobs et au couple Blake & Mortimer, ici remplacé par l’écrivain, Sir Mulligan et son « garde du corps », Bruce Mc Kinlay. Et face à eux, pire qu’Olrik, le comte Brasov, authentique savant fou, sinistre au possible. De l’hommage pour un récit très délirant, parodiant le fantastique un peu « grand guignol » d’un Gustave Le Rouge (Brasov ressemble un peu aussi au mystérieux docteur Cornélius). Le scénario de Philippe Chanoinat est agréable, joue sur l’ambiance gothique et le fantastique fin dix-neuvième siècle (un château aux recoins obscurs, un couple de serviteurs fantomatiques, un village apeuré…). Mais le point noir de cet album est le graphisme de Frédéric Marniquet, : à l’aise dans les décors comme dans l’ambiance, le dessinateur n’est par contre guère inspiré pour les personnages, et notamment les visages. Le trait n’est pas assuré, les visages sont figés et semblent des masques, trop raides, aux expressions très limitées. Au final, cela gâche un peu l’atmosphère de l’album et c’est bien dommage, car il y avait là une histoire originale dans un cadre surprenant, comme un vieux décor de cinéma. Peut mieux faire donc : on attend le second tome.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 29/11/2009 )
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