Bande dessinée
Fantastique de Scotch Arleston , Melanÿn et Eric Cartier
Soleil 2010 / 13.50 €- 88.43 ffr. / 56 pages
ISBN : 978-2-30201-023-9
FORMAT : 23,4x32,3 cm
L’homme est un chat pour l’homme…
Au conservatoire de magie d’Eckmül, la magie est une science sérieuse, avec ses savants fous et ses expériences ratées : c’est la mésaventure à laquelle le sage Alunÿs, en quête du quatorzième enchantement majeur, est confronté. A la suite d’une tentative ratée, le voilà partageant sa conscience et sa pensée avec Shepäh, son félin de compagnie… situation critique, car ayant perdu une partie de ses connaissances dans l’affaire, il doit impérativement faire causer son chat s’il veut 1 – réussir son enchantement et 2 – récupérer l’intégralité de sa personnalité. Oui, mais… ! Pour trouver quelqu’un capable de parler avec les chats, il faut aller un peu plus loin que les tavernes du port… genre l’archipel Haggatoe et le peuple mystérieux des Krobatridère, une créature qui communique magiquement avec toutes les autres… Mais pour cela, il faudrait monter une expédition, traverser une mer infestée de pirates… que de complications ! Heureusement, Alunÿs est nanti pour l’occasion d’un apprenti, le très fat Kyslapeth, ainsi que d’une herboriste ambitieuse, aux talents insoupçonnés, Marikiri… et d’un chat à demi-humain, et donc à demi-sage d’Eckmül…Cela devrait faire l’affaire ?
Sorti de l’imagination d’Arleston, cet album one-shot, s’il n’apporte rien à la saga Lanfeust, offre tout de même aux fans de Troy l’opportunité de revenir sur leur planète fétiche, sa société médiévale fantastique, ses populations aux pouvoirs délirants, ses sages canalisant la magie, sa faune étonnante… Le principe de la collection Légendes de Troy est sympathique : comme dans de nombreuses autres séries, il s’agit, en exploitant l’histoire de l’univers de Troy depuis l’installation humaine, d’inviter des dessinateurs à apporter leur touche à cette saga qui s’étend maintenant sur plusieurs millénaires et un nombre impressionnant de séries. Avec Eric Cartier, on fait un bond en arrière, en 3200, à peine 800 ans avant Lanfeust et ses copains… Le principe fonctionne bien (d’autant qu’Arleston reste aux commandes) donc, et Cartier a su s’intégrer à Troy et à l’ambiance générale, à savoir du fantastique, de l’aventure qui ne se prend pas trop au sérieux, des vannes et de l’humour (plus ou moins relevé)… Le trait sait jouer – comme l’ensemble de la série – sur un style fluide et une caricature légère, efficace sans être trop appuyée. On apprécie, dans la foulée, le travail détonant des couleurs, qui, règle bien établie, donne à ce monde coloré et baroque une luxuriance très fantasy. L’histoire est agréable, sans être incontournable, et l’on découvre, en Marikiri, une émule lointaine de Cixi, à la tête d’un équipage de pirate en pleine analyse. Une variation de bonne tenue, qui nous emmène dans les mers du Sud, à la découverte d’un des nombreux secrets de Troy. Ambiance Trolls de Troy donc, plutôt que Lanfeust pour les connaisseurs. A réserver aux fans tout de même, car le scénario suppose déjà de connaître un peu l’univers imaginé par Arleston et ses règles parfois farfelues. Avec, en annexe, le rapport rédigé par l’apprenti Kyslapeth sur l’expédition : une conclusion bienvenue.
Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 14/06/2010 )
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