L'actualité du livre
Bande dessinéeet Fantastique  

Tombé du ciel (tome 1)
de Charles Berberian et Christophe Gaultier
Futuropolis 2011 /  20 €- 131  ffr. / 136 pages
ISBN : 978-2-754-80251-2
FORMAT : 20x28 cm

Loin d’Higelin

C’est vrai qu’on a tendance, à lire le titre de l’album, à fredonner la chanson d’Higelin « Tombé du ciel »… mais rapidement, les aventures d’Emile, loser de classe compétition, nous éloignent de la douce folie d’Higelin pour nous ramener à une réalité morne, lugubre, déprimante. Emile, la bonne quarantaine, vient de se faire larguer par son épouse, et vit chez ses beaux-parents avec son fils, faute de pouvoir se payer un logement. Commercial – médiocre – dans l’immobilier, chanteur peu prometteur d’un groupe de quadras, Emile a un profile vaguement déprimant, souligné par une tonsure qui s’accentue et quelques cadavres enfermés dans les placards (à commencer par un échec absolu, lors d’un concert en plein air : le trou, et une sortie de scène sans émettre aucun son). Bref, du pas terrible… mais Emile tombe un soir sur un extra-terrestre, alors qu’il allait se faire virer de son agence. Un extra-terrestre un peu inopportun, qui lui attire quelques (gros) ennuis avec la maréchaussée dans la foulée… Car l’alien – qui répond, par convention, au nom de Boris – n’a rien trouvé de plus original que de transformer le patron d’Emile en lui retournant la tête. .. La série noire continue alors ? A moins que cette rencontre ne soit pas le fait du hasard, mais bien l’achèvement d’un cycle commencé, pour Emile, en 1982 ?

Sur le classique « que feriez vous si vous aviez l’occasion de revenir en arrière ? », Berberian et Gaultier ont concocté une petite histoire en deux temps, celle du pauvre gars qui a vu – une fois – la chance lui échapper et qui aurait l’occasion de lui courir après. L’extra-terrestre Boris est là pour justifier la possibilité de retour dans le temps, mais on sent bien que le cœur de l’affaire n’est pas dans cette rencontre du troisième type… Un scénario sympathique donc, qui joue bien plus sur Emile et ses soucis que sur le côté fantastique. La mise en image est par contre un peu décevante, alternant de belles vues, de bonnes idées (les ombres notamment) et des dessins parfois mal fichus (les visages, particulièrement celui du patron d’Emile): c’est un peu dommage mais d’un autre côté, le désagrément visuel s’efface devant l’intrigue, qui se noue peu à peu, ainsi que les intrigues secondaires (les policiers et leurs disputes, le destin de la famille). A suivre donc.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 07/02/2011 )
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