L'actualité du livre
Bande dessinéeet Fantastique  

Jour J (tome 7) - Vive l’Empereur
de Jean-Pierre Pécau , Fred Duval et Gess
Delcourt - Neopolis / Série B 2011 /  13.95 €- 91.37  ffr. / 56 pages
ISBN : 978-2-7560-2479-0
FORMAT : 24x32 cm

Napoléon V

Paris en 1925 : le vieux Napoléon IV est mort, vive Napoléon V… Dans une France désormais impériale depuis plus d’un siècle, l’heure est à la fête, au sacre du nouveau souverain… mais également à l’inquiétude : des rumeurs de guerre avec la Chine se précisent, d’autres rumeurs de complots agitent également la capitale, les sociétés secrètes, comme la Saint Vehme, se préparent à frapper un coup, et dans l’ombre des laboratoires, une terrifiante invention pourrait changer la face de ce monde. Ambiance explosive donc, avec, comme pompiers involontaires, un jeune savant déjà fou, Fermi, et un ancien officier des armées impériales, dégoûté par les vicissitudes de la politique militaire, Nerval. Confrontés à des menaces variées, et à des ennemis aussi nombreux qu’insaisissables, les deux hommes ne peuvent que se recommander à Mithra, le dieu taureau, protecteur de l’Empire… un dieu qui aura fort à faire, car le sacre du jeune empereur attire tous les ennemis de la France, prêts à un ultime complot.

Un belle uchronie steampunk, avec un Paris impérial survolé par des nuées de dirigeables, une armée équipée de fusils électriques, quelques personnages venus de la réalité et embraqués dans un destin différent (Hitler, Pétain, Mata Hari, Fermi…) et une guerre finale avec le vrai ennemi des Bonaparte, l’Angleterre… Voilà un Jour J qui se coule parfaitement dans les règles du genre autant que dans la série, décidément très réussie. Le mérite en revient déjà à la mise en scène de Gess (Carmen Mc Callum) qui ne lésine pas sur le grand spectacle : batailles électriques aux frontières de l’empire, vues plongeantes du Paris de Napoléon V, vision alternative de la Grande Guerre… dans une ambiance à la fois réaliste et colorée, presque hollywoodienne par son côté clinquant et démesuré (Paris transformé en une espèce de ville mécanique, avec l’île de la Cité qui ressemble à un cuirassé). Et l’intrigue est aussi réussie que la mise en image. Le steampunk est un genre particulier, qui suppose à la fois fantaisie et cohérence, tant la dimension technologique alternative importe, et à ce jeu les scénaristes (Pécau et Duval) se sont bien adaptés, envisageant même, vingt avant la vraie, l’arme atomique. Si l’on peut s’étonner du retour impromptu du mithracisme – religion à soldat et à mystères, certes, mais définitivement éteinte à la fin de l’Antiquité – on appréciera l’hypothèse sous entendue d’un christianisme qui, dans cette réalité alternative, ne s’est donc pas imposé : le marché religieux demeure concurrentiel dans Jour J. Bref, un excellent album, qui joue, une fois de plus et avec talent, de l’Histoire, revisitée.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 22/11/2011 )
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