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Bande dessinéeet Fantastique  

Château l’Attente (volume 2)
de Linda Medley
Delcourt - Contrebande 2011 /  19.90 €- 130.35  ffr. / 384 pages
ISBN : 978-2-7560-2002-0
FORMAT : 15x21,5 cm

Pantoufles fantasy

On avait laissé la communauté du Château l’Attente avec des étoiles dans les yeux et un doux sourire aux lèvres. Quatre ans et un changement d’éditeur plus tard, voilà que l’on retrouve avec plaisir cette série originale et délicate, une saga d’héroïc fantasy qui s’est débarrassée du superflu (batailles en armures, barbares crados, dragons terrifiants, filles en bikini…) pour ne garder que l’essentiel (contrée lointaine, chanson de geste et douce magie ambiante). Linda Medley s’intéresse avant tout à ses personnages et l’on sent que cette saga pourrait être le travail d’une vie. En multipliant les personnages, les pistes, les flashbacks, les destinées, l’auteur part dans toutes les directions, passant d’un personnage à l’autre, avec toujours le même soin, et une égale attention portée à chacun.

On retrouve donc Jaine et ses compagnons, vivotant doucereusement au Château l’Attente, abri de pierres encerclé d’une muraille de ronces. En attente de quoi ? Pas grand-chose, juste que la vie se passe. Les ennuis du quotidien assaillent le château : une carriole à remplacer, une chèvre récalcitrante, un sabot à ferrer… On est loin des sagas sanguinaires et pleines de sorcellerie qui forment la totalité des récits de ce genre. Ici la magie est présente mais affreusement banale, terre-à-terre. Medley renverse les codes du genre et, avec habileté, parvient à créer un univers singulier et original, entre contes de fées et soap.

Malheureusement, ce style a aussi ses limites. Et si le premier tome était un ravissement du début à la fin, ce second tome semble un peu plus poussif. L’effet de surprise passé, le rythme se révèle comme ce qu’il est réellement : lent et peu palpitant. De même, ce désir constant de raconter la fantasy au quotidien conduit à la plus terrible des sentences : l’ennui. L’ensemble se lit toujours avec plaisir mais avec ce souhait de plus en plus violent qu’enfin il se passe quelque chose à la prochaine page. D’autant que des pistes intéressantes restent toujours en suspens, tout juste avancent-elles un peu à raison de quelques pages par-ci par-là. Ici, le récit tourne autour d’un simple déménagement et la plus grande des péripéties est lorsque l’un des personnages se trompe de porte pour se retrouver suspendu dans le vide. Bien mais un peu court. Medley cherche seulement à faire vivre ses personnages, à les voir aux prises avec le banal, le quotidien. Elle s’en sort à merveille et donne à voir au lecteur le compte rendu minutieux de cette vie de château. Mais au final, cela ne fait qu’une ambiance, un nid douillet, mais pas forcément plus.

Derrière cette atmosphère confortable et ronronnante, les personnages restent toujours aussi attachants. Et ce dessin fabuleux de Linda Medley : avec une technique maîtrisée, c’est toute une tradition picturale affirmée et évidente qui se déroule à chaque page. Rendez-vous pour un prochain tome, où cette fois, enfin, l’on espère un peu plus de mouvement.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 05/12/2011 )
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