Bande dessinée
Fantastique de Sylvain Cordurié et Drazen Kovacevic
Soleil - Celtic 2012 / 13.95 €- 91.37 ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2-302-02350
FORMAT : 23,4x32,3 cm
Ragnarok
Midgard – le monde des hommes dans la mythologie nordique – peine sous un hiver cruel et les clans vikings n’en peuvent plus. Mais Alrik, le fils batailleur du roi Lothar, a une idée, de ces idées désespérées qu’inspire une crise terrible : s’en aller supplier Odin en personne de rétablir les saisons. Pour cela, il lui faudrait trouver Yggdrasil, l’arbre qui soutient les mondes, le remonter jusqu’au mythique pont Bifrost, qui relie les mondes des hommes et des dieux, convaincre son gardien, le terrible Heimdall, du bien fondé de la requête pour qu’il le laisse franchir les portes d’Asgard, après quoi il irait directement supplier Odin en son palais. Une entreprise impossible, à moins de disposer du guide adéquat… et dans ce monde humain de plus en plus menacé, un guide apparaît. Ou plutôt une guide, une Walkyrie – ces vierges guerrières qui viennent chercher les âmes des soldats morts – bannie sur terre pour avoir séduit un dieu, Hermod, le propre fils d’Odin… également banni dans la foulée. Est-ce vraiment le meilleur des passeports ? Mais Alrik a-t-il vraiment le choix ? Et surtout, Asgard est-il vraiment mieux loti que Midgard ?
La fin du monde, côté Nord : cela donne Ragnarok, la version nordique de l’Armageddon, l’ultime bataille entre les dieux et leurs adversaires, les Vanes… le tout vu par un humain. Voilà un premier album enthousiasmant : graphisme ciselé d’un Drazen Kovacevic très à l’aise avec ce fantastique matîné de mythologie nordique, scénario bien mené, sans zones d’ombre ni temps mort. Sylvain Cordurié sait surfer sur les mythes nordiques sans les dénaturer ni les « thorifier », et plante, dans ce premier tome, un décor impressionnant, celui de deux mondes en train de vaciller, agressés par une menace encore trouble. Mais surtout, l’entente entre les deux auteurs semble complète, et l’album est d’emblée convaincant, tant dans la forme, avec un graphisme de belle qualité, lissé, et une mise en scène qui sait alterner morceaux de bravoure, batailles, décors asgardiens (un peu ruinés…) et monstres d’anthologie, que dans le fond, celtique au possible. Du mystère, de l’aventure et le souffle des dieux. Quelques hommages discrets aussi à une légende du graphisme fantasy, Frank Frazetta : Hermod, le fils d’Odin ressemble diablement au Death Dealer. Bref, un album prometteur, très réussi et une série bien motivante.
Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 18/09/2012 )
www.parutions.com
(fermer cette fenêtre)