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Bande dessinéeet Fantastique  

Jour J (tome 12) - Le Lion d’Egypte
de Jean-Pierre Pécau , Fred Duval et Igor Kordey
Delcourt - Neopolis / Série B 2013 /  14.30 €- 93.67  ffr. / 56 pages
ISBN : 978-2-7560-3548-2
FORMAT : 24x32 cm

Le retour de Léonard

Léonard de Vinci n’est plus à Rome, il ne s’est pas esquivé en France, il est ailleurs, mais qu’y fait-il ? telle est la question que se pose César Borgia, neveu et séide du pape… Une question pressante car en cette année 1503, la citadelle ottomane de Smyrne, réputée imprenable, vient d’être conquise par les mamelouks égyptiens, équipés d’étranges machines de siège, des machines qui combinent la force du canon et la protection de l’armure, l’ancêtre des chars en quelque sorte. Cette arme nouvelle pourrait bien transformer l’histoire de l’Orient, voire du monde… Mais qui peut concevoir de telles armes ? Français et Romains cherchent Léonard, mais pour remonter sa piste, il faut passer par Venise, la prison des Plombs, et Salaï, ami et amant de Léonard, imprévisible et désespérant Salaï. Et pendant ce temps, en Egypte, l’ombrageux Léonard crée, invente, essaie.

Rome, Smyrne, la Renaissance… Avec ce Lion d’Egypte, la série Jour J s’aventure loin de ses terres habituelles, celle de l’histoire contemporaine, et du monde occidental. Une aventure donc, et sans doute l’un des albums les plus aboutis de la série. En effet, Pécau et Duval, au scénario, entraînent le lecteur dans un monde et une période peu pratiqués par la bande dessinée : la renaissance, le monde ottoman, Léonard… une première audace qui paye, autour d’un récit bien construit et d’une intrigue forte. On connaît la lettre célèbre de Léonard de Vinci au duc de Milan, lettre dans laquelle il propose, en 9 paragraphes, d’étonnantes machines de guerre et, dans un 10ème paragraphe conclusif, rappelle aussi qu’en temps de paix, “je puis égaler, je crois, n'importe qui dans l'architecture, construire des monuments privés et publics, et conduire l'eau d'un endroit à l'autre. Je puis exécuter de la sculpture en marbre, bronze, terre cuite. En peinture, je puis faire ce que ferait un autre, quel qu'il puisse être”. Une lettre dont la lecture rappelle qu’à la renaissance, on évoquait « les arts de la guerre » et que l’auteur de la Joconde fut avant tout un immense ingénieur. C’est en partant de cette idée que les scénaristes ont concocté une intrigue habile, où Léonard part dans l’Egypte des Mamelouks vendre sa science militaire… au grand dam de la papauté et en particulier de la famille Borgia. Il s’agit donc de remonter la piste de Léonard, celle de ses inventions, et de voir ainsi se déployer une histoire moins connue, celle de l’Orient de la renaissance. Et dans la foulée, on croise quelques connaissances : outre la famille Borgia et le roi François Ier, un diplomate du nom de Machiavel s’insinue dans ce récit bien troussé.

Bref, un album surprenant, audacieux par son sujet, et graphiquement très abouti : confié à Igor Kordey (L’Histoire secrète), le graphisme est remarquable, exploitant les visages, les ambiances. Le dessinateur s’est amusé à livrer un bel hommage à Vinci et à la peinture de la renaissance, jusque dans certaines compositions qui rappellent quelques toiles célèbres. Un album très réussi, qui invite à d’autres détours historiques.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 01/04/2013 )
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