Bande dessinée
Fantastique de Fabrice Lebeault
Delcourt - Terres de légendes 2014 / 13.95 €- 91.37 ffr. / 56 pages
ISBN : 978-2-7560-3102-6
FORMAT : 24x32 cm
Soleil noir ?
Au sein de la dictature mécaniste d’Horologiom, l’humain est une variable, un élément qui doit s’insérer dans une mécanique complexe… et pour s’assurer de sa fidélité (car la machine humaine est capricieuse, instable, et pour tout dire peu fiable), rien ne vaut le triangle noir, une friandise qui sert de récompense aux meilleurs éléments de la communauté. Mais l’aliment-récompense est devenu, peu à peu, un enjeu, un moyen de se livrer à une sorte de marché noir, il s’économise, se vole, s’échange, se trafique et peut donc inspirer le crime. Et lorsque crime il y a, c’est là qu’intervient le SVP, le Service des violences privées, chargé d’élucider les affaires. Or l’affaire du moment est complexe : un fonctionnaire rebelle, un meurtre, une chasse à l’homme, et des magouilles dans le saint des saints, le service qui fabrique et récupère les triangles noirs. Et si, au delà du crime crapuleux, une immense conspiration visait à la déstabilisation d’Horologiom en libérant l’humanité du triangle noir ? Le major Meursy, version bougonne d’Holmes, va devoir entrer à son tour dans le labyrinthe, celui des robots mais également celui de l’esprit humain (où crime et liberté vont de pair) pour lever un pan du voile qui masque cette réalité.
Fabrice Lebeault est un auteur rare et les tomes d’Horologiom sortent lentement… mais à chaque publication, quel plaisir et quelle leçon, de poésie, d’imagination et de délire maîtrisé. Avec ce septième tome, dans la belle lignée des précédents, on retrouve la désormais classique SVP et ses enquêteurs (plus ou moins habiles) dans une intrigue singulière, qui louche du côté du film Soleil Vert, passé au crible de l’univers d’Horologiom. Le résultat : une intrigue policiéro-poétique, autour d’un labyrinthe et de ses coulisses, un monde dont on découvre, par intuition, la réalité (l’anthropophagie secrètement institutionnalisée et rationnalisée) et qui ne cesse, malgré tout, de lutter contre ce résidu d’anarchie qu’est l’humanité. Lebeault s’amuse, parodie les intrigues policières et joue de l’ambiance polar/roman noir pour casser les codes de sa série et éclairer, de nouveau, le conflit entre raison et liberté. Un auteur rare, mais décidément toujours aussi inspiré, talentueux et original, pour une série qui fait la démonstration qu’elle sait se renouveler.
Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 21/07/2014 )
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