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Bande dessinéeet Fantastique  

Donjon Antipodes (tome -10000) - L’Armée du Crâne
de Joann Sfar , Lewis Trondheim et Grégory Panaccione
Delcourt 2020 /  11.95 €- 78.27  ffr. / 48 pages
ISBN : 9782413016854
FORMAT : 22,6x29,8 cm

Une vie de chien

Non seulement Sfar et Trondheim ont décidé de relancer leur série culte après six années de silence et une conclusion qui semblait définitive, mais les deux auteurs ont choisi également de développer encore un peu plus leur univers. Après les trois époques bien définies que sont « Potron-Minet », « Zénith » et « Crépuscule » voici donc deux nouvelles balises chronologiques qui se répondent d’un bout à l’autre de la frise : « Antipodes - » et « Antipodes + ». Soit 10000 tomes avant le premier volet et 10000 tomes après ! Sachant que pour l’instant nous avons à notre disposition 38 albums cela nous promet encore quelques belles années de lecture...

C’est ce qu’il y a de formidable avec cette série : les infinies possibilités qui s’offrent à leurs auteurs. Certes, certains albums ont eu la difficile tâche de combler quelques trous et de répondre à des questions qui se faisaient de plus en plus nombreuses, mais dans l’ensemble tout est à la fois d’une liberté totale au sein d’un univers cohérent et à la richesse absolue. Les différentes séries comme « Monsters » ou «Parade » sont aussi le moyen pour Sfar et Trondheim de pouvoir tout se permettre, de changer de ton, d’expérimenter, bref de se faire plaisir.

Avec cette Armée du Crâne on est donc à la préhistoire de la saga lorsqu’aucun des personnages que l’on connaît n’est encore présent, pas même un ancêtre (à moins que…). C’est une époque dure, un âge barbare. La couverture donne le ton : plus encore que dans « Zénith » à l’ambiance un peu troubadour, on est ici dans de l’heroic fantasy pure et dure avec cette bataille inaugurale entre l’armée des elfes et celle des orques. Une voix off raconte cette guerre, c’est la voix d’un chien, un gros molosse sans nom qui voit son maître orque tué sous ses yeux. Pour lui, compagnon fidèle, il n’y aura plus qu’une idée en tête : retrouver le crâne de son maître.

Dans sa quête, il rencontre un autre chien, plus élégant et délicat puisque c’est celui d’un elfe. Lui aussi a perdu son maître mais ça ne semble pas le contrarier outre mesure. Pour lui, la vie continue, un peu égoïstement, et plutôt que de s’attacher à son ancien possesseur, il est parti pour en trouver un nouveau. Il rêve de luxe, de confort, et de pouvoir continuer à vivre tranquillement sa vie de chien d’appartement.

Par la force des choses, les deux clébards vont devoir faire équipe et se frayer un chemin dans ces contrées hostiles. Le contraste entre les deux caractères canins est bien marqué et le traitement de ces consciences ressemble à un chemin de vie quasiment philosophique où l’on parle de soumission, de liberté, et de violence nécessaire. Au dessin, Grégory Panaccione accentue la dureté de son trait pour un résultat efficace parfaitement mis en valeur par les couleurs de l’indéboulonnable Walter.

Une belle aventure, dans la veine des Donjon Monsters, et un nouveau repère remarquable dans l’univers de Donjon Les fans de la série chercheront les détails et références aux aventures chronologiquement ultérieures, tout juste peut-on remarquer que si les animaux se mettent sur deux pattes et parlent dans les aventures d’Herbert ou de Hyacinthe, tout vient peut-être d’une drôle de poudre...

Il n’y a donc pas à hésiter, les amateurs de Donjon devront se jeter sur ces deux albums qui relancent de plus belle la série. Quant à ceux qui ne connaissant pas encore, il y a 36 autres albums à découvrir. Rien que du bonheur.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 07/01/2020 )
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