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Bande dessinéeet Fantastique  

La Meute de l'Enfer (tome 1) - Les compagnons de l’aigle
de Philippe Thirault et Christian Hojgaard
Les Humanoïdes associés 2004 /  12.60 €- 82.53  ffr. / 48 pages
ISBN : 2731615516
FORMAT : 24 x 32 cm

Les sept mercenaires au pays des dragons

Nous sommes au VIe siècle de notre ère, dans les décombres de l’empire romain, désormais divisé en un empire d’Orient (Byzance) encore puissant et un vestige occidental tenu par les barbares du roi des Goths, Théodoric. Le christianisme étend peu à peu son blanc manteau d’églises… mais à Byzance, Théodora, la célèbre et intrigante épouse de l’empereur chrétien Justinien, n’a pas abandonné sa foi dans les anciens dieux romains et leurs sombres rituels. Avec l’aide d’un étrange sorcier, Epidammos, surnommé l’oiseau, elle entreprend de reconstituer une célèbre bande de mercenaires naguère connue sous le nom de Meute de l’Enfer, afin de l’entraîner dans un plan mystérieux (y compris pour le lecteur).

Dans cette bande dessinée, l’histoire se marie agréablement au fantastique : le cadre – l’Europe des invasions barbares – justifie les mœurs rudes et les combats violents. Le contexte – un temps où les anciennes religions déclinantes livrent un dernier combat contre le christianisme triomphant – légitime interventions divines et desseins magiques. L’empire est en déliquescence et des ombres rôdent. Ce premier album d’une série sympathique évoque la reconstitution de la meute et le mystère de ses origines. En effet, cette équipe de guerriers redoutés s’était séparée huit années auparavant à la suite de la mort de l’un d’entre eux, le plus puissant. Rassemblés magiquement par Epidammos, mais en proie à divers conflits moraux et sentimentaux, les cinq héros doivent retrouver la cohésion qui faisait leur force avant d’entamer leur quête.

On trouve dans cette bande dessinée tous les ingrédients d’un jeu de rôle du type «Donjons et Dragons» : on a d’abord avec une troupe de héros complémentaires (le magicien, le voleur, l’amazone, le guerrier et la princesse barbare), nantis de pouvoirs particuliers, d’armes diverses plus ou moins magiques et d’artefacts de sorcellerie. Ils sont ensuite, comme le veut la tradition, à la recherche d’un trésor païen, le «Tribut des dieux» ; face à eux se dressent embûches et forces surnaturelles (anciens dieux, tels que Ammon ou Pluton, sorcières maléfiques et guerriers-squelettes…). Enfin, leur périple les mène, à travers ennemis et déserts, aux portes d’un temple maudit perdu dans le désert libyen. A partir de ce canevas classique (et qui a fait ses preuves auprès de maints rôlistes), aventures et péripéties peuvent s’enchaîner. Cette version médiévalo-fantastique des Sept mercenaires est donc assez réussie.

Le dessin et le découpage, très classique également, font penser au dessinateur Jijé, qui enchanta les lecteurs les plus anciens des éditions Dupuis avec des récits historiques et édifiants. Mais la comparaison s’arrête là, et si le trait de Hojgaard peut déconcerter, l’histoire emporte rapidement les hésitations du lecteur. On est facilement entraîné dans les tribulations de ces mercenaires sur le retour, et si Jupiter le veut bien, la suite, qui doit se dérouler à Carthage, sera de la même eau.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 08/03/2004 )
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