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Bande dessinéeet Fantastique  

Les Chasseurs de rêves (tome 1) - Emile et Liam
de Ferry et Arnaud
Glénat - La Loge noire 2004 /  12 €- 78.6  ffr. / 56 pages
ISBN : 2 7234 4364 7
FORMAT : 24 x 32 cm

Cauchemar blanc

1900. Depuis quelques semaines, Londres et Vienne connaissent une succession d’inquiétants événements. La capitale victorienne, tout juste remise des atrocités d’un certain Jack l’Eventreur, est aujourd’hui confrontée à une nouvelle suite macabre de crimes en série : des cadavres d’enfants sont ainsi retrouvés dans les rues de la ville. Aucune trace de violence sur eux, ils semblent seulement être morts de peur. Scotland Yard est vite dépassé, et c’est un gentleman-aventurier curieux et casse-cou, Lewis Franck, qui va mener sa propre enquête et tenter de faire avancer les choses.

À Vienne, les disparitions d’enfants se succèdent au même rythme, et le professeur Freud, alors en plein dans ses recherches sur le rêve et ses significations, fait un étrange et troublant constat : depuis quelque temps, tous ses jeunes patients font le même rêve. Un cauchemar en noir et blanc où, poursuivis par une horde de chevaliers surarmés et de créatures monstrueuses, les jeunes adolescents finissent par tomber dans des eaux déchaînées et se noient.

Pour que le tableau soit complet, il faut ajouter à cela deux enfants (qui donnent leurs prénoms à l’album) possédant de puissants pouvoirs télékynésiques, et enfin un obscur complot fomenté par une société secrète, la «Golden Dawn», sorte de réunion de francs-maçons portés sur l’occulte, qui exerce d’étranges activités paranormales dans quelque sous-terrain londonien.

Ce premier tome d’une nouvelle série démarre rapidement et sans temps mort, mais ce rythme effréné devient aussi le principal défaut de l’album. La narration usant de constants télescopages entre les différents lieux et événements peine à installer un réel climat, et survole ainsi chaque action sans réellement prendre le temps d’en tirer toute la substance dramatique. Symptomatique est ainsi la présence de la guest star Sigmund Freud. Il n’est ici qu’un nom sur un visage et son rôle semble, à ce stade de l’histoire, relativement anecdotique et sous-exploité.

Au dessin, et pour son premier album, Arnaud s’en tire honnêtement, dans un style académique parfois encore maladroit et inégal d’une planche à l’autre, mais qui révèle quelques bonnes initiatives graphiques, comme l’utilisation du seul crayon à papier pour représenter les rêves.

L’album s’achevant sur un climax narratif bienvenu, il faut maintenant souhaiter que, l’expérience aidant, les prochains épisodes soient plus pleinement maîtrisés, et donnent à cette série une qualité à la hauteur de ses ambitions.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 12/05/2004 )
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