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Bande dessinéeet Fantastique  

Célestin et le Coeur de Vendrezanne - Un récit des contes de la Pieuvre
de Gess
Delcourt 2021 /  25.50 €- 167.03  ffr. / 208 pages
ISBN : 9782413030027
FORMAT : 19,8x26,3 cm

Voir l’invisible

Les contes de la Pieuvre, ce sont les petites histoires d’une organisation
criminelle tentaculaire, parisienne (et même banlieusarde) mais dont
l’efficacité ne connaît aucune borne ni frontière : ce petit gotha du crime
et de l’arnaque a son cœur dans un restaurant, « de la pieuvre » justement,
lieu à la fois stratégique et mal famé. Et au milieu des voyous évolue
Célestin, le garçon de cuisine, gentil, serviable, innocent, et apprécié.
L’un de ces personnages invisibles dont personne ne se méfie. Et pourtant,
Célestin a un secret, un don, comme nombre des associés de la Pieuvre… un
don si rare et si précieux que sa survie réside dans un secret absolu. Car
Célestin voit la vérité des gens, ce qu’ils sont réellement, il discerne les
dons, les failles, les névroses et les envies de chacun, et lit en vous
comme dans un livre ouvert… un don qui ferait de lui un personnage important
de la Pieuvre, si le jeune homme ne préférait pas rester loin du crime et de
la souillure morale. Mais le crime le rattrape, un crime ancien, perpétré
par un ancien maître de la Pieuvre, et dont Célestin, malgré lui, se fait
l’instrument. Un crime qui le place directement sous le regard des maîtres
de la société… personne n’aurait envie d’être là, et personne ne saurait
comment survivre à une telle situation. A moins que… ?

La série des Contes de la Pieuvre est un bijou, scénaristique et
graphique, une mine, un objet dessiné de plus en plus identifié, qui joue du
fantastique et des histoires de voyou, dans un décor à la fois plaisant et
surréaliste, le Paris des bas quartiers et du crime, l’outre-monde des
malandrins. Gess s’est pleinement approprié ce monde de Casque d’Or et de
Jean Valjean, il s’y promène avec bonheur, explore un univers dur et
dangereux, d’un trait réaliste qui, simplement, bascule dans le fantastique
et dans des décors baroques, telle cette arène fantastique dans le sous-sol
parisien où les tueurs à talent s’affrontent. Il y a une poésie et une
esthétique fin de siècle, un goût du détail et du grandiose mêlé, et surtout
un travail subtil dans la mise en place des personnages et de l’intrigue,
qui fait que chaque album est une histoire labyrinthique, dans laquelle, en
entrant, on ne sait jamais par où l’on va sortir. Un nouvel épisode d’une
série « tentaculaire », où chaque histoire certes, se lit à part, mais qui,
dans le récit choral, trouve toute sa force.

Emmanuel Metzl
( Mis en ligne le 27/06/2021 )
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