L'actualité du livre
Bande dessinéeet Fantastique  

Petit Miracle (tome 2)
de Griffo et Valérie Mangin
Soleil 2005 /  12.50 €- 81.88  ffr. / 48 pages
ISBN : 2845657900
FORMAT : 24 x 33 cm

La main du diable

On avait quitté un bon petit diable (voir notre chronique), on retrouve un monstre manipulateur. Juillet 1789 : la Bastille est prise, Denis est délivré et a désormais la voie libre pour accomplir son sinistre destin, méthodiquement programmé. Le marquis de Launay, gouverneur de la prison, est le premier décapité de la Révolution, devant les yeux de Petit Miracle, qui aurait pourtant pu lui sauver la vie... L’épisode réveille en lui sa soif de vengeance. Dans le contexte trouble de la Révolution, Petit Miracle convainc le candide docteur Guillotin de mettre au point une machine à tuer « industrielle », soi-disant pour abréger les souffrances des condamnés, dont la tête était tranchée à la hache. Mais l’esprit de Petit Miracle est autre : il veut « implanter de nouveaux germes de destruction dans le genre humain tout entier »… Manipulant les uns après les autres tous ceux qui l’entourent, il poursuit froidement son dessein, au fil des années sanguinaires qui suivent la révolte populaire. Talleyrand, son ancien protecteur, s’efface peu à peu, et c’est en partie à travers ses yeux que l’on accompagne, dans ce second volet, la très symbolique histoire de l’enfant à la tête dissociée du corps.

Petit Miracle est un original et passionnant voyage à travers la période révolutionnaire. Histoire et fantastique se mêlaient déjà dans le premier tome, mais voici que le scénario prend une autre dimension : le personnage de Petit Miracle devient le symbole du Mal, la main du diable qui serait à l’œuvre dans l’Histoire. L’idée est séduisante et assez brillamment exploitée par Valérie Mangin. On est tout de même un peu frustré par l’accélération du récit dans ce deuxième et dernier tome : en couvrant la même période historique en un ou deux tomes de plus, l’épopée symbolique aurait sans doute gagné en force. Mais ne boudons pas notre plaisir : on est là devant une bande dessinée originale et plutôt enthousiasmante. Au dessin, un Griffo toujours aussi sûr de lui porte cette histoire à merveille. Un bon duo, donc, dont on espère que la collaboration portera d’autres fruits.

Anne Bleuzen
( Mis en ligne le 12/03/2005 )
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